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Retour sur le film ‘‘Scales’’ de la réalisatrice saoudienne Shahad Ameen

C’est la réalisatrice saoudienne Shahad Ameen qui a reporté le Tanit de bronze des longs-métrages de fiction aux dernières Journées cinématographiques de Carthage, qui se sont déroulées du 26 octobre au 2 novembre 2019, à Tunis, pour son film ‘‘Sayedat Al-bahr’’ (‘‘La dame de la mer’’ ou ‘‘Scales’’). Retour sur une œuvre digne d’intérêt.

Par Samir Messali *

Il a fallu 53 ans pour pouvoir assister à la première participation d’un film saoudien à la compétition officielle des JCC, mais à priori cela valait le coup d’attendre puisque le public cinéphile des était agréablement surpris par la qualité du premier long métrage de la jeune réalisatrice saoudienne Shahad Ameen.

La réalisatrice s’est directement penchée sur la condition de la femme dans une société patriarcale. Et pour ne pas, peut-être, heurter la sensibilité d’une société saoudienne conservatrice où le cinéma est naissant, Shahad Ameen a choisi de traiter ce sujet en optant pour une fiction du genre fantastique ou l’histoire se déroule dans la nuit des temps dans un village perdu au bord de la mer Rouge entouré de montagnes arides.

La femme victime de traditions cruelles

Dans ce village, qui ressemble à tant d’autres villages saoudien d’avant l’avènement du pétrole, une cruelle tradition veut que chaque homme doit offrir aux vagues sa petite fille aînée en la noyant vivante afin de susciter la générosité et la clémence de la mer.

Bien que le décor et les habits sobres des habitants de ce village ne font référence à aucune époque précise, mais d’entrée on a l’impression d’assister à cette tradition cruelle de la société mecquoise d’avant l’apparition de l’islam qui fait que les pères enterrent vivantes leurs petites filles.

L’histoire commence justement par cette scène d’offrande où, parmi les hommes du village, le père de Hayet, déchiré entre son amour pour sa belle progéniture et le poids de la tradition, refuse au dernier moment de noyer sa fille qui, en grandissant, devient un fardeau pour sa famille et pour tout le village qui croit que sa survie le prive de la générosité de la mer.

Conte fantastique sur de biens cruels destins

Le film raconte ensuite la lutte de la jeune Hayet, d’abord pour sa survie et ensuite pour imposer sa participation aux côtés des autres garçons du village dans l’activité de la pêche. Une pêche bien mystérieuse puisque ce sont d’étranges créatures que les pêcheurs sortent de la mer pour de biens cruels destins.

La jeune réalisatrice a mis dans son film tous les ingrédients du genre fantastique, que ce soit par le décor, les effets spéciaux ou surtout par un casting très bien réussi à tel point que le spectateur a l’impression que les hommes du village ressemblaient, avec leurs barbes et leurs habits stylisés, à ceux que l’on voit dans les bas-reliefs restés de l’ancienne Mésopotamie.

Le dialogue est minimaliste et c’est une belle image en noir et blanc qui nous raconte délicatement les faits et nous relate le malaise de ces pères face au poids et à la cruauté des traditions. On notera, également, la très bonne prestation de la jeune actrice Basima Hajjar dans le rôle de Hayet.

* Expert financier et écrivain.

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