Le collectif #EnaZeda, qui s’est mobilisé en Tunisie autour de l’idée de briser le silence imposé aux victimes de la violence machiste sous toutes ses formes, n’a pas dit son dernier mot. Certes, le député Zouhair Makhlouf, accusé de harcèlement sexuel sur une lycéenne, serait «passé entre les mailles du filet»… mais le mouvement n’a pas baissé les bras pour autant.
Au contraire, nombre d’observateurs estiment qu’il est non seulement promis à un bel avenir en Tunisie, mais il a également des chances de «s’exporter» dans la région – en Afrique du nord, à travers le continent africain et dans les pays du Moyen Orient.
Telle la conclusion à laquelle parvient une analyse publiée aujourd’hui, mercredi 27 novembre 2019, par le site « Ozy ». L’auteur de cette réflexion, Nick Fouriezos, prévient que ce qui s’est passé en Tunisie n’était pas un simple effet de mode, un suivisme ou une pâle imitation de ce qui s’est passé aux Etats-Unis, avec le mouvement #MeToo, ou en Europe, avec l’action #BalanceTonPorc: «C’est bien plus sérieux et bien plus profond que cela. Le #EnaZeda tunisien a commencé par de simple tweets relayés, par l’ouverture d’une page Facebook privée, puis un groupe Facebook, pour devenir un collectif et finir en un mouvement structuré qui revendique le nombre de 25.000 membres – hommes et femmes – décidés d’en découdre avec quiconque barrerait leur route.»
Cette rapide évolution laisse à penser, selon Fouriezos, que, de la même manière que le Printemps arabe a commencé en Tunisie pour se répandre un peu partout en Afrique du nord et au Moyen Orient, le #EnaZeda tunisien pourrait lui aussi suivre le même parcours et élire domicile dans tous les pays voisins de la Tunisie, et bien au-delà.
Sarah Yerkes, spécialiste américaine en affaires tunisiennes auprès du Carnegie Endowment for International Peace, soutient l’idée que «le mouvement #EnaZeda tunisien est nettement plus évocateur que ce que l’on a connu aux Etats-Unis, où l’impact s’est presque limité à Hollywood… En Tunisie, c’est un phénomène nettement plus profond…»
M. Ch.
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