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Le poème du dimanche : ‘‘Je t’aime’’ de Mohamed Ben Salah

Né en 1946 à Zeramdine (Monastir), dans la région du Sahel, le poète Mohamed Ben Salah vient de nous quitter le 10 décembre 2019, à l’âge de 73 ans. Le poète Tahat Bekri lui rend ici un hommage en traduisant des extraits de ses poèmes.

Il y a quelques mois, le poète Mohamed Ben Salah m’avait fait parvenir par l’intermédiaire des réseaux sociaux, en version numérique, son beau recueil ‘‘Uhibbûki’’ (‘‘Je t’aime’’), ouvrage qu’il considérait comme un seul poème. Je ne sais si recueil est paru en version imprimée.

Nous ne connaissions que par les échanges à distance et par les écrits, dans l’estime et le respect mutuel.

Le poète, licencié en philosophie à Damas, en 1975, était également traducteur de poètes (pas seulement) et non des moindres : Lorca, Neruda, Aragon, Char, Bonnefoy, etc. Parmi ses écrits recueils de poésie, en langue arabe, on citera ‘‘Jala’’, ‘‘La passion Carthage’’, ‘‘Cent ans du village’’, ‘‘Remparts’’, ‘‘Saisons’’, ‘‘Du Haut de la montagne’’, ‘‘Les états de Aicha’’, ‘‘Les routes des gitans’’.

Tahar Bekri

I

Je t’aime
Nul temps ne reste
Afin que je le passe entièrement ou en partie
À creuser à la hâte ou le récuser facilement
Dans ce qui est défini par les finalités ou les causes

Je t’aime
Comme un vieil arbre qui sait qu’il
Ne peut rester dans sa position
Ne peut résister aux vents forts
À la chaleur étouffante, aux fleuves gelés
S’il n’avait choisi la terre de l’amour et de la liberté.

Je t’aime
Je ne pratiquais pas la parole qui cache son contraire
Quand j’ai dit; je ne sais ce qui m’est arrivé

II

Tu me manques
Quand le printemps arrive au galop
Et vite il me quitte

Tu me manques
Quand l’été les oiseaux
Passent la nuit à attendre les amoureux

Tu me manques
Quand l’automne
Est un éclair aveuglant
Promet l’eau sans l’amener

Tu me manques
Quand l’hiver
Les feux sont éteints
Et abondante l’eau coule des fissures des terrasses

III

Les arbres deviennent-ils tristes ?
Elle dit : Et mélancoliques
Quand ? dis-je. Elle dit :
Quand les nuages sont un leurre
Et que le fleuve retient son eau
Quand les barques désertent le port
Quand ? dis-je. Elle dit :
Le jour où les rossignols errent
Inquiets s’approchant et s’éloignant
D’une brûlure douloureuse
Pour des amis qui émigrèrent
Une prairie s’indigna
Aussi les gazelles
La pluie se retint

Extraits traduits de l’arabe du recueil ‘‘Uhibbûki’’ («Je t’aime ») par Tahar Bekri

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