Dans une déclaration accordée aux médias, aujourd’hui, 23 décembre 2019, au siège d’Ennahdha à Montplaisir, le dirigeant au sein du mouvement islamiste, Imed Hammami, a assuré que les concertations, en vue de former le prochain gouvernement, notamment avec les blocs parlementaires la Réforme nationale, Al Mostakbal, Al Karama et… Qalb Tounes ne se sont jamais arrêtées !
Au lendemain de l’échec des négociations avec les partis Attayar, Echâab et Tahya Tounes qu’Ennahdha prétend privilégier dans l’optique de la constitution du prochain gouvernement, les dirigeants du parti islamiste ré-évoquent donc médiatiquement, via l’ancien ministre de la Santé publique (novembre 2017 – novembre 2018), leur plan B (ou leur vrai plan A, selon certaines lectures politiques).
M. Hammami assure surtout qu’il n’y a jamais eu d’interruption dans les concertations avec les partis cités ci-dessus… au risque de confirmer les craintes exprimées par certains politiciens, à l’instar de Mohamed Abbou, secrétaire général d’Attayar, sur l’existence de négociations parallèles menées loin des regards par Ennahdha avec Qalb Tounes.
Il faut dire que les Nahdhaouis se retrouvent maintenant dos au mur, après avoir été officiellement «abandonnés» par le trio Tahya Tounes, Echaâb et Attayar, et qu’il leur est donc désormais important de soigner leur langage médiatique envers leurs probables futurs alliés, notamment chez Qalb Tounes.
Il ne s’agit donc plus – et il ne s’agira probablement plus jamais – à leurs yeux du parti «à l’intégrité douteuse», du fait des soupçons de corruption qui entourent son président, Nabil Karoui, comme ils l’ont souvent proclamé, mais de celui avec lequel, il n’y a jamais eu d’arrêt de concertations, et donc du parti patriote qui a toujours été là pour l’intérêt du pays et qui répondra présent à son devoir national, contrairement à Echaâb et Attayar, tenus publiquement responsables par les Nahdhaouis de la perte de temps qu’a connu le processus de la formation du prochain gouvernement.
Le raisonnement s’applique également à la coalition Al Karama, écartée, selon ce qui se murmure, des négociations, parce qu’elle a une ligne politique jugée trop extrémiste par Tahya Tounes et peut-être même aussi par Attayar et Echaâb…
Les Nahdhaouis, qui ont facilement sacrifié leurs «frères» islamistes pour satisfaire ce trio, doivent maintenant trouver les argument pour les convaincre, de nouveau, de faire partie du gouvernement.
La mission d’Ennahdha ne semble cependant pas si compliquée que ça, sinon il n’aurait jamais pris le risque de «perdre» les composantes de son plan B, qui se sont toujours montrées peu exigeantes, en sachant dès le début, au vu de plusieurs considérations politiques, que les chances de réussir les négociations avec le trio privilégié n’étaient pas si élevées que ça.
Cherif Ben Younès
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