L’annonce faite par Habib Jemli avant-hier, 23 décembre 2019, concernant la mise en place imminente d’un gouvernement technocrate n’a pas été bien accueillie par plusieurs parties prenantes de la scène politique tunisienne. Les blocs démocrate, Al Mostakbal et PDL (Parti destourien libre) ont, à titre d’exemple, déjà annoncé qu’ils n’accorderont pas leur confiance à ce gouvernement. Contrairement à Qalb Tounes qui devrait soutenir, conformément aux prévisions initiales, le gouvernement d’Ennahdha.
Présent ce matin sur les ondes de Shems FM, Hatem Mliki, dirigeant au sein de Qalb Tounes, a indiqué, dans ce sens, qu’une équipe gouvernementale composée de personnalités indépendantes de tous les partis, tel que cela a été annoncé par Habib Jemli, chef du gouvernement désigné, correspond exactement à la vision de son parti, annoncée dès le lendemain des législatives.
M. Mliki explique que le défi actuel pour la Tunisie est purement économique, d’où la nécessité de mettre en place des compétences pouvant sortir le pays de ses difficultés, loin des conflits et des tiraillements politiques qui pourraient, sinon, se projeter au gouvernement et impacter négativement son rendement.
Qalb Tounes devrait, par conséquent, attribuer son vote de confiance au gouvernement Jemli, souligne-t-il, à condition que le programme proposé soit social et économique et que les personnalités proposées soient réellement compétentes aux yeux de son parti.
Hatem Mliki a, d’un autre côté, nié le fait qu’Ennahdha ait finalement privilégié faire affaire avec Qalb Tounes parce qu’il est un parti vulnérable, au vu des poursuites judiciaires (pour corruption financière) à l’encontre de son président, Nabil Karoui…
«Si la justice condamne Nabil Karoui, Qalb Tounes sera le premier à revendiquer l’application de la sentence», a-t-il dit, assurant que son parti a déjà fait ses preuves en termes de puissance, notamment à travers les activités de ses députés au parlement.
Ne montrant aucune gêne à gouverner côte à côte avec Ennahdha, bien que durant la campagne électorale, il a lui-même juré que son parti ne s’alliera jamais à ce mouvement, Hatem Mliki s’est fait rappeler par l’animateur, Hamza Belloumi, que les dirigeants du mouvement islamiste refusaient eux aussi de coopérer avec son parti et liaient régulièrement Qalb Tounes à la corruption, dans leurs déclarations durant la même phase électorale…
Mais sa réponse fut pour le moins ironique, se contentant de lancer : «Dieu les brûlera pour ces déclarations», et préférant donc banaliser, une fois de plus, cette question pourtant fondamentale. En effet, il s’agit d’un point révélateur du sens de la morale des dirigeants des deux partis qui devraient, ni plus ni moins, gouverner durant les 5 années à venir après avoir fondé leurs capitaux électoraux sur… un grossier mensonge.
C. B. Y.
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