S’il faut encore une preuve de l’«indépendance» des membres du gouvernement Habib Jemli, annoncé aujourd’hui, jeudi 2 janvier 2020, en voilà une : Hédi Kediri, ancien chef de cabinet du garde des sceaux, le dirigeant islamiste Nadhir Ben Ammou, vient d’être nommé ministre de la Justice.
Par Imed Bahri
Ça veut tout dire. Non seulement cet homme n’est pas indépendant vu que la notion de l’«indépendance» est relative mais en plus, une indépendance organique ne veut pas dire une indépendance de fait.
Souvenons-nous, lorsque M. Kediri, l’ex-président de la Cour de cassation, a été mis à la retraite par l’ancien ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, qui a refusé de prolonger sa mission de six mois, les dirigeants d’Ennahdha sont montés au créneau pour critiquer cette décision, et plus particulièrement Noureddine Bhiri.
Ce choix démontre qu’Ennahdha refuse de lâcher le ministère de la Justice mais aussi celui de l’Intérieur, la colonne vertébrale de l’Etat tunisien, dont il a confié la charge à l’inamovible porte-parole du parquet de Tunis, Sofien Selliti, également magistrat de profession réputé proche du parti islamiste.
Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha et de l’Assemblée des représentants du peuple, en dépit de ses 54 sièges à (ARP) l’Assemblée et en dépit des tergiversations, arrive à conserver sa mainmise sur les deux ministères les plus importants de l’Etat. Mais pas seulement, car il a réussi à placer des hommes et des femmes proches de son parti à la tête de nombreux autres département.
Un gouvernement constitué de «personnalités indépendantes», dites-vous? Sans doute, à l’image de son chef, une marionnette dont M. Ghannouchi tire les ficelles.
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