Commentant la composition gouvernementale proposée par Habib Jemli, Samia Abbou a fortement douté de son indépendance, évoquant même l’empreinte du dirigeant islamiste Noureddine Bhiri dans certains départements-clés…
Invitée hier soir, vendredi, 3 janvier 2019, sur le plateau de l’émission «Rendez-vous 9», sur Attessia TV, Samia Abbou, députée d’Attayar à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a ouvertement remis en question la prétendue indépendance de l’équipe gouvernementale proposée par Habib Jemli, chef du gouvernement désigné par le parti islamiste Ennahdha.
Samia Abbou estime que ce dernier «s’est lui-même condamné» lorsqu’il a fait part aux médias de son intention de mettre en place un gouvernement indépendant. Une déclaration qui est devenue «un fardeau» pour lui, selon la députée, et qui l’a poussé à «philosopher concernant la signification de l’indépendance et jouer avec les concepts».
La politicienne demande, par conséquent, plus de transparence et invite M. Jemli à avouer qu’il s’agit d’un gouvernement Ennahdha – Qalb Tounes, estimant qu’il n’y a rien de plus normal, puisque ces deux partis ont gagné les législatives et qu’il y a toujours eu une harmonie entre eux. Ils doivent donc assumer ouvertement la responsabilité de ce gouvernement, de ses succès comme de ses échecs futurs. Pourquoi se cachent-ils ?
«Il était clair depuis le début qu’Ennahdha avait tout réglé avec Qalb Tounes. Tout ce qui a été dit dans les conférences de presse sur les concertations avec les autres partis et sur sa volonté de mettre en place un gouvernement révolutionnaire n’était que de la manœuvre politique et de la poudre aux yeux», a-t-elle poursuivi.
Sur un autre plan, Samia Abbou a commenté les nominations à la tête des département convoités par Attayar, à savoir l’Intérieur, la Justice et la Réforme administrative.
A cet effet, elle a salué la désignation de Chiraz Tlili en tant que ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption (dont le rôle devrait être proche de celui qui était prévu pour la Réforme administrative).
En revanche, pour ce qui est des personnalités proposées pour diriger les ministères de l’Intérieur et de la Justice, à savoir Sofiène Selliti et Hédi Kédiri, Samia Abbou s’est montrée beaucoup moins optimiste… «Ils sentent Noureddine Bhiri» (l’ancien ministre de la Justice nahdhaoui à qui on attribue une volonté de contrôle et de manipulation de la justice, Ndlr), a-t-elle commenté, assurant qu’ils appartiennent au clan d’Ennahdha qui s’opposait à la participation d’Attayar, d’Echaâb et de Tahya Tounes aux concertations autour de la formation du gouvernement.
Pour rappel, les dirigeants du parti de Samia Abbou, Attayar, ont déjà déclaré qu’ils n’accorderont pas leur confiance à l’équipe gouvernementale proposée par Habib Jemli, lors de la plénière dédiée au vote pour le gouvernement, prévue pour mardi prochain, 7 décembre.
C. B. Y.
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