Le chef du parti islamiste Ennahdha et président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi, a assuré avoir informé le président de la république, Kaïs Saïed, de sa visite, samedi dernier, au président turc Recep Tayyip Erdogan. «Et il m’a demandé de lui transmettre ses salutations», a-t-il ajouté.
Auditionné aujourd’hui, mercredi 15 janvier 2020, sur cette visite controversée, Rached Ghannouchi a affirmé qu’il ne s’est pas rendu en Turquie, en sa qualité de président de l’Assemblée mais à titre personnel et en tant que chef d’Ennahdha : «La loi n’interdit pas le cumul entre la fonction de président du parlement et celle de chef d’un parti politique», a-t-il insisté.
Tout en assurant ne pas comprendre la polémique suscitée par cette visite, d’autant que les relations entre les 2 pays ont toujours été «très bonnes, fortes et ce depuis longtemps», Rached Ghannouchi a ajouté qu’il avait rencontré le président de la république avant de partir à Istanbul : «Je l’ai informé de mon déplacement en Turquie et il m’a demandé de transmettre ses salutations à Recep Tayyip Erdogan».
Quant au timing de cette visite, survenue au lendemain de l’échec du gouvernement Jemli, proposé par Ennahdha et rejeté par le parlement, vendredi 10 janvier, le chef islamiste a répondu qu’il s’agit d’une simple coïncidence : «Il n’y a aucun lien, et je ne suis pas parti lui faire un rapport des affaires internes de la Tunisie, comme disent certains. On ne rencontre pas un président de la république quand on veut, il était juste disponible ce jour-là», a-t-il soutenu. En d’autres termes, il y avait péril en la demeure, et la visite était urgente, et on peut se demander en quoi M. Ghannouchi était dans l’urgence de rencontrer M. Erdogan.
Rached Ghannouchi, qui estime que cette audition a fait perdre du temps au parlement et aux Tunisiens (sic!), a ajouté qu’il a prôné la paix en Libye, lors de sa rencontre avec Erdogan, lorsque le dossier libyen a été évoqué : «D’ailleurs il y a eu appel au cessez-le-feu, soutenu par Erdogan et Poutine. Mes relations avec la Libye ne datent pas d’aujourd’hui et je suis pour la paix dans le pays voisin».
Y. N.
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