Depuis neuf ans, il y a en Tunisie de petites révolutions silencieuses, menées dans un anonymat quasi-total et sans recherche des Unes médiatiques. Ces révolutions au profil modeste ont la capacité de changer les choses, car elles sont animées de convictions sincères et généreuses. Tel est le cas d’un groupe de jeunes qui, à Siliana, ont décidé de reboiser une forêt brûlée…
Par Marwan Chahla
Un groupe d’une quarantaine de jeunes volontaires tunisiens se retrouvent régulièrement sur les hauteurs d’une colline aride de la région de Siliana, dans le nord-ouest du pays. Leur mission de fin de semaine consiste à redonner vie à une forêt brûlée en plantant des pousses de pin d’Alep. Ce bénévolat, qui s’est entouré de la plus grande discrétion, n’a échappé l’intérêt de France 24.
Comment ne pas évoquer le cas de Hamdi, ce jeune homme originaire de Sfax, qui fait un voyage de 250 kilomètres pour rejoindre ses camarades dans cette région marginalisée du pays ?
Planter 12 millions d’arbres en Tunisie d’ici la fin de l’année
Le jour où ce jeune homme, adepte de camping et de randonnée, a découvert l’existence de cette initiative sur le réseau social Facebook, il n’a pas hésité un seul instant pour se lancer dans cette aventure. «Pour moi, c’était une occasion en or que je ne pouvais pas manquer. Il s’agissait d’une chance de se détendre, de se plaisir et, en même temps, de faire quelque chose de bien», explique cet étudiant.
Ainsi, Hamdi fait partie de ce groupe de jeunes Tunisiens amoureux de la nature qui ont uni leurs forces – avec l’appui des autorités régionales – dans cet engagement ambitieux: planter 12 millions d’arbres à travers le pays, d’ici la fin de l’année.
Le choix de ce nombre n’est pas fortuit: il s’agit de planter un arbre au nom de chaque citoyen tunisien.
«C’est ensemble que nous pourrons réussir ce pari. Et je suis sûre qu’on réalisera ça», exulte Baya Khalfallah, une des responsables de l’association Soli&Green, qui a lancé ce projet de reboisement, en novembre dernier. La jeune fille ajoute: «Pour atteindre notre objectif, nous comptons beaucoup sur l’apport des organisations locales à but non-lucratif, sur notre partenariat avec le gouvernement –et, de toute évidence, sur le soutien de toutes les personnes soucieuses de l’environnement.»
Des jeunes volontaires portés par un enthousiasme inépuisable
La plupart des membres de ce groupe de volontaires sont originaires de villes côtières comme Tunis, Sfax ou Sousse. Portée par un enthousiasme illimité et inépuisable, cette jeunesse tunisienne –qui existe ! – ne craint ni la distance ni les caprices de la météo.
Amin Farhat, un jeune cadre qui aurait pu se contenter du confort tunisois, fait le déplacement de la capitale –plus de 130 km !– pour, selon ses mots, «sauvegarder la beauté naturelle et les ressources de la Tunisie»: «Nous faisons cela pour l’avenir de notre pays, pour le nôtre et celui des générations montantes. C’est ce qui nous motive», revendique-t-il, en son nom et de celui de ses camarades…
C’est donc parmi cette jeunesse tunisienne consciente du rôle qu’elle peut jouer pour changer les choses et pour bousculer les inerties que réside la chance de faire remonter la pente à notre pays essoufflé.
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