Le poids parlementaire d’Ennahdha, avec ses 54 sièges à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), ne lui garantira pas d’imposer sa vision et ses positions sur le prochain gouvernement. C’est ce qu’affirme Mohamed Abbou, qui espère que dans les prochaines années, le mouvement islamiste devienne «un parti qui pense à l’intérêt général».
Dans une déclaration accordée à Mosaïque FM, aujourd’hui, mercredi 5 février 2020, le secrétaire général du Courant démocrate (Attayar), Mohamed Abbou, est revenu sur la position d’Ennahdha concernant la formation du prochain gouvernement. Une tâche confiée par le président de la république, Kaïs Saïed, à Elyès Fakhfakh.
Pour rappel, Ennahdha exige l’intégration de Qalb Tounes au prochain gouvernement dans le cadre de ce qu’il appelle un «gouvernement d’union nationale», tenant ainsi tête à Fakhfakh (et sans doute à Saïed également) qui a écarté le parti de Nabil Karoui des concertations, le poussant à faire partie de l’opposition.
M. Abbou se range clairement du côté de cette option et affirme que gouverner avec Qalb Tounes serait particulièrement incohérent, estimant qu’un tel gouvernement serait «celui des contradictions».
En fait, cela serait même fatal pour la crédibilité de ce gouvernement qui prétendrait, dans ce cas, combattre la corruption tout en comptant dans ses rangs un parti dont le président (Nabil Karoui) est sérieusement accusé de corruption financière et a même, à cet effet, un lourd dossier devant la justice.
«Un tel gouvernement ne pourrait pas résoudre les problèmes du pays», a lancé Abbou, estimant que le parti islamiste se fiche de l’intérêt du pays, mettant en garde que ce dernier pourrait connaître «des réactions» de la part des citoyens pour protester contre le chômage, la pauvreté et les autres difficultés sociales auxquelles ils sont affrontées.
«Des difficultés qui se poursuivent depuis 9 ans, et pendant ce temps-là, la classe politique nage dans la corruption, les dossiers et les intérêts personnels. Tandis que l’intérêt du pays est le dernier de ses soucis», a-t-il regretté.
«Ennahdha aura le plus grand nombre de portefeuilles ministériels, au vu du nombre de sièges qu’il occupe au parlement, mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il peut diriger le gouvernement ni lui imposer sa vision», a ajouté l’ancien ministre de la Réforme administrative, qui accuse le parti islamiste, à demi-mot, de vouloir classer les dossiers de la corruption, dont plusieurs concernent certains de ses dirigeants.
C. B. Y.
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