Le feuilleton de la formation du prochain gouvernement par Elyes Fakhfakh, l’élu du président Kaïs Saïed, touche à sa fin. Ce gouvernement devrait réussir l’examen parlementaire et se mettre en place, avec notamment le soutien de… Qalb Tounes, qui en est pourtant écarté.
Par Cherif Ben Younès
Dans une déclaration accordée ce matin, 13 février 2020, à Mosaïque FM, le dirigeant et député de Qalb Tounes, Hatem Mliki, a dit que son parti pourrait bien accorder sa confiance au gouvernement Fakhfakh lors du vote parlementaire, et a même sous-entendu que cela est très probable, tout en assurant que Qalb Tounes ne fera partie, sous aucune forme, de ce gouvernement.
Eviter à la Tunisie l’épreuve de l’inconnu
Ce sont, en effet, les arguments qu’il a avancés pour justifier cette hypothèse qui laissent entendre que le parti de Nabil Karoui se dirige, finalement, vers le soutien du prochain gouvernement : «Nous allons prendre cette décision en nous basant sur la situation actuelle [du pays], la crainte du vide en Tunisie, la nécessité de la dévolution pacifique du pouvoir et la volonté d’éviter de pousser la Tunisie vers l’inconnu».
M. Mliki a, par ailleurs, indiqué que la décision qui sera prise par les structures de Qalb Tounes dépendra également du programme du prochain gouvernement et de sa composition finale qui sera annoncée demain par Elyes Fakhfakh.
Reste à savoir à quel prix Qalb Tounes, qui dispose du second plus important bloc parlementaire après Ennahdha (38 et 54), accepterait-t-il de s’impliquer autant dans le prochain gouvernement, en lui accordant sa confiance alors qu’il en a été «rejeté», et en en assumant, par conséquent, la responsabilité politique. L’argument de «l’intérêt du pays», étant, en l’occurrence, suffisamment pompeux pour être pris au sérieux.
La situation judiciaire de Nabil Karoui en point de mire
Y a-t-il une promesse, sous la table, que Qalb Tounes soit indirectement représenté dans le gouvernement Fakhfakh, à travers des personnalités théoriquement indépendantes ? Ou y a-t-il eu un deal pour que le dossier judiciaire de son président, Nabil Karoui, qui est poursuivi pour des affaires de corruption financière, soit enterré en contrepartie ? Ou bien y a-t-il, comme le prétendent certains, un accord secret entre Ennahdha et Qalb Tounes pour faire passer le gouvernement Fakhfakh afin de pouvoir le faire tomber aussitôt après ?
Il faut dire que de la part de ces gens là on peut s’attendre à tout, et, surtout, au pire…
Ces hypothèses ont, bien entendu, été balayées par les dirigeants du parti de Nabil Karoui qui se sont exprimés dernièrement dans les médias, à l’instar de Hatem Mliki, aujourd’hui, ou de Iyadh Elloumi, hier, qui a même hostilement traité ceux qui font le lien entre le vote de Qalb Tounes pour le gouvernement Fakhfakh et la situation judiciaire de son président de «malades».
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