Les Destouriens fêteront cette année le centenaire du Destour* et le Parti destourien libre (PDL), qui se réclame de son héritage, organisera, à cette occasion, du 2 au 20 mars 2020, une célébration spéciale où les historiens rappelleront aux jeunes ce qu’ils doivent aux fondateurs de la Tunisie moderne, tout en analysant leurs réussites mais aussi leurs échecs.
Par Rachid Barnat
De plateaux télé en studios radio, les journalistes se copient et reprennent les mêmes questions de leurs premiers confrères à avoir interviewer Abir Moussi, présidente du PDL, parfois avec agressivité, cherchant à la déstabiliser; en reprenant les griefs que lui font ses opposants, et en premier lieu, les Frères musulmans d’Ennahdha ! C’est leur rôle, me rétorquera-t-on. Certes…
La «dame de fer», comme la surnomment ses partisans, ne se démonte pas et ne se laisse nullement impressionner ni intimider par les questions que leurs auteurs croient pertinentes et assassines. Bien au contraire, elle n’en élude aucune et répond méthodiquement à chacune d’elles en rappelant avec pédagogie l’histoire, le contexte, les événements et le but politique recherché par ses adversaires.
Une femme de conviction à l’assaut de la citadelle islamiste
À cet exercice et depuis que sa cote de popularité monte dans l’opinion publique, certains médias réticents à l’inviter ayant fini par céder (audimat oblige) à lui accorder leurs antennes, Abir Moussi affine et affûte ses réponses et ses arguments, les étayant davantage de détails et d’analyses pour que le citoyen tunisien comprenne ce qui lui arrive depuis la fumeuse «révolution du jasmin», afin de le réveiller de sa torpeur pour voir la réalité catastrophique du pays en face. Car en neuf ans de pouvoir, les Frères musulmans, comme elle aime les appeler, ont détruit et ruiné tout ce que les Destouriens ont patiemment bâti depuis l’indépendance en bradant la souveraineté de la Tunisie chèrement reconquise par les premiers fondateurs du Destour !
Et avec pédagogie, la présidente du PDL démonte le mécanisme machiavélique mis en place par Ghannouchi et ses Frères pour détruire la République Tunisienne et paupériser les Tunisiens pour les soumettre à leurs nouveaux colonisateurs, l’émir du Qatar et le président Erdogan, amis et sponsors des Frères musulmans ! Elle explique aussi comment ces derniers ruinent une à une les institutions et les entreprises nationales qui tombent, entraînées l’une par l’autre, dans leur jeu de dominos satanique.
Femme de conviction, battante et habile, elle a fait une force de la faiblesse à laquelle ses opposants politiques l’assignaient, en la lui rappelant systématiquement, devenue dans leur bouche une insulte : son appartenance au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), son parti dissout au lendemain de la chute de l’ancien régime, en janvier 2011.
Poursuivre l’œuvre des Destouriens qui ont libéré le pays et bâti la République
Moussi rappelle, à chacune de ses interviews, qu’elle est l’héritière de la longue histoire des Destouriens; et qu’elle célèbrera, en mars 2020, le centenaire de la fondation du Destour, le premier parti destourien, par Cheikh Abdelaziz Thaalbi. En précisant à ses contradicteurs qu’elle assume l’actif et le passif comme les réussites et les échecs du Destour et des partis qui en sont issus; puisqu’elle inscrit le PDL dans la droite lignée du Destour!
Elle rappelle aussi que le rôle du PDL est de poursuivre l’œuvre des Destouriens qui ont libéré le pays et bâti la République la dotant d’institutions modernes à l’instar des pays évolués, charge à elle et à son parti de corriger les erreurs du passé. On ne peut être plus clair.
C’est pourquoi Mme ne cesse d’exhorter les Destouriens à se reprendre et à relever le défi de libérer la Tunisie des islamistes et des panarabistes aux doctrines néfastes pour la nation tunisienne et pour sa jeune république. De ne plus se laisser humilier ni insulter par ces complexés de l’histoire, qui n’ont tiré aucune leçon des lubies et des folies de leurs prédécesseurs, à commencer par celles de Gamel Abdel Nasser !
Elle déplore et plaint les Destouriens qui ont rallié Ghannouchi, trahissant leur manque de conviction dans le «Destour». Ils se sont humiliés devant celui que beaucoup ont fini par croire le nouveau maître du pays pour se mettre à plat ventre devant lui, quémandant son pardon dans l’espoir d’un poste !
Elle est pratiquement la seule à rejeter le «consensus», cette politique néfaste et mortifère imposée par Ghannouchi, agréée par Béji Caid Essebsi et qui semble devenue le pivot de la vie politique en Tunisie, au point que certains progressistes ont fini par trouver normale de s’allier aux Frères musulmans à l’idéologie diamétralement opposée à la leur.
Comme elle est la seule à ne pas tomber dans le piège de Ghannouchi et celui de son parti qui nient leur appartenance à l’organisation internationale des Frères musulmans.
Ghannouchi cherche à diviser les Destouriens
Abir Moussi a compris que Ghannouchi cherche à diviser les Destouriens, ex-RCD-istes en bons et en mauvais Tunisiens; les bons étant devenus fréquentables depuis qu’ils lui ont fait allégeance et les seconds sont traités de tous les noms pour les intimider et les humilier et les écarter de la vie politique, dont Abir Moussi qui lui tient tête. Ce qu’il a déjà fait en divisant les Tunisiens en bons et en mauvais musulmans, appliquant la méthode consistant à «diviser pour mieux régner» !
À entendre Abir Moussi parler, on ne peut que partager son inquiétude de voir la Tunisie mise à genoux par la pieuvre islamiste; et aspirer, comme elle, à desserrer l’étreinte qui l’étouffe et l’empêche d’avancer.
D’ailleurs, qui mieux que les véritables destouriens patriotes, pour reconstruire ce que les Frères musulmans détruisent méthodiquement depuis que l’émir du Qatar les installés au pouvoir ?
La célébration du centenaire du Destour sera l’occasion pour le PL d’affirmer son attachement aux principes qui le fonde et qui sont : le patriotisme; l’attachement à l’Etat national et au souci de son efficacité et de son indépendance; et le pragmatisme respectueux des libertés et hostiles aux idéologies totalitaires.
* Destour est un mot d’origine persane. C’est l’ensemble de règlements et de lois qu’on peut traduire par Constitution. C’est à l’aube du règne de Mohamed Bey qu’on voit apparaître le Destour. Le mouvement Tounes Al Fatet (mouvement réformiste des jeunes tunisiens) a été le premier à le revendiquer, en 1920.
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