L’ingénieur agronome tunisien Salah Darghouth a réalisé un rapport, qui établit un diagnostic détaillé de l’état du développement agricole en Tunisie, et recommande des réformes fondamentales, en plus d’un programme spécial de modernisation de la petite agriculture familiale.
«En l’état actuel, l’agriculture tunisienne occupe 535.000 exploitants agricoles dont les 2/3 se situent dans le Centre et le Sud du pays. Les terres agricoles s’étendent sur environ 10 millions d’ha et sont réparties entre 5,5 millions ha de terres cultivables, 3,5 millions ha de parcours naturels, et 1 million ha de forêts et garrigues.
Les superficies cultivées sont réparties à 55% d’arboriculture, 28% de céréales, 11% de cultures fourragères et 6% de cultures maraîchères. L’élevage représente 38% de la valeur ajoutée agricole, suivi de 25% par l’arboriculture, 15% par les céréales, 15% par les cultures maraîchères et 7% par d’autres cultures. La quasi-totalité des terres irrigables sont équipées pour l’irrigation. S’étendant sur 445.000 ha (ou 8% des terres cultivées), ces terres fournissent 37% de la valeur ajoutée agricole et contribuent à 27% de l’emploi agricole et 20% des exportations agricoles», rappelle M. Darghouth dans l’état des lieux de l’agriculture tunisienne.
Proposition de réformes à adopter
Sur cette base, parmi les défauts relevés, la production, quoique accrue et plus diversifiée, reste faiblement productive et peu compétitive. Ceci s’explique, selon l’expert, par des problèmes de fond qui persistent et s’aggravent.
Au vu de ce qui précède, la Tunisie devrait favoriser le développement d’une agriculture plus productive et plus compétitive, qui produise plus et mieux par ha et pour moins cher, moyennant l’adoption de technologies et de connaissances appropriées et l’emploi de main d’œuvre plus qualifiée.
Pour une agriculture plus durable, il faudra optimiser l’utilisation des intrants chimiques et des ressources en eaux, conserver la fertilité des sols et respecter l’écosystème environnant, préconise M. Dargouth.
En termes de résilience, l’agriculture tunisienne devra l’être davantage face aux manifestations du changement climatique telle que l’augmentation de température et de plus grandes fréquences et intensités des catastrophes naturelles comme les sécheresses et les inondations.
Le programme des réformes
Le programme de réformes proposé par l’auteur s’articule autour de 6 grands pôles : une administration plus efficace et des organismes publics moins nombreux, plus ciblés dans leurs missions et mieux coordonnés entre eux, avec les producteurs et avec les opérateurs agissant le long de la chaîne de valeurs des diverses filières agricoles; et des structures foncières remodelées facilitant le remembrement, la consolidation et la viabilisation des petites exploitations agricoles, ainsi que le rajeunissement et le relèvement du niveau d’instruction des exploitants agricoles.
Il faudra également un appui technique qui réponde aux nouvelles exigences d’une agriculture productive et compétitive et une gestion durable des ressources naturelles; un appui financier bien ciblé venant en support de la mise en œuvre des réformes recommandées et appuyant en priorité la mise à niveau des petites exploitations agricoles; une gestion des ressources naturelles (eaux et sols) plus durable; et des filières agricoles mieux organisées et ancrées dans des structures associatives et coopératives d’agriculteurs plus puissantes, énumère M. Darghouth dans son rapport.
Salah Darghouth est titulaire de diplômes des grandes écoles françaises, celui d’ingénieur agronome et d’ingénieur du génie rural, des eaux et des forêts. Il a passé l’essentiel de sa carrière à la Banque mondiale où il a occupé des postes de management, de direction et de conseil.
A. M.
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