Le gouvernement tunisien doit choisir entre mettre en route les réformes urgentes des entreprises publiques ou se soumettre, bientôt, aux diktats du FMI et de la BM, qui, pour pouvoir se faire rembourser, ne lui laisseront aucune marge de manœuvre.
Par Amine Ben Gamra *
Les dépenses de l’Etat sont en train de s’aggraver d’une année à une autre en Tunisie. La majeure partie de ces dépenses est affectée aux salaires et non aux investissements et pour financer ses dépenses, l’Etat a fait recours à l’endettement, surtout extérieur, provenant principalement de la Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale (BM).
Evolution du budget de l’Etat (2010-2019) :
Structure des dépenses de l’Etat (2010-2019) :
Evolution du déficit budgétaire et de l’endettement public (2010-2019) :
Comment alors notre cher pays va-t-il rembourser ses dettes, si le nouveau gouvernement ne procède pas aux réformes nécessaires susceptibles de relancer la machine de production, d’améliorer les recettes de l’Etat (et pas seulement fiscales), de maîtriser ses dépenses, d’accroître les exportations, etc.?
Parmi les réformes qui urgent, il y a la digitalisation, clé pour la croissance économique et la lutte contre la corruption.
La transformation digitale de l’administration, partie intégrante de la transformation globale du pays, offre en effet de véritables opportunités de croissance économique. Avec la numérisation, nous gagnerons indéniablement du temps. Celle-ci va permettre aussi, à travers la traçabilité, de lutter contre la corruption, les agissements hors la loi (pots de vin, etc.), les transactions douteuses et les détournements des biens de l’État.
La digitalisation de l’administration est plus qu’une nécessité et il faut la généraliser aux marchés publics, aux appels d’offres et autres prestations administratives, monétaires, douanières, financières, fiscales…. Elle permettra de supprimer les chaînons de transmission qui exposaient usagers et agents à la corruption.
Malheureusement, il existe, aujourd’hui, une forte résistance au changement digital, émanant de plusieurs cercles dans l’administration, le monde des affaires, les institutions étatiques, etc., qui s’opposent à la transformation digitale et d’une manière générale aux réformes dont la mise en œuvre est plus qu’urgente. Et ce pour garder leurs postes et tirer bénéfice de la corruption qui s’accapare des différents appareils de l’Etat, sans se soucier de ses répercussions négatives sur l’évolution du pays.
Or, si le pays ne réalise pas les transformations nécessaires, le coût à payer sera encore plus élevé et plus dur à assumer.
Aussi faut-il choisir entre réformer les entreprises publiques ou se soumettre bientôt aux diktats du FMI et de la BM, qui, pour pouvoir se faire rembourser, ne laisseront aucune marge de manœuvre au gouvernement.
* Expert comptable.
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