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«Élevez un peu le niveau pour que l’on puisse travailler !», lance Tarek Fetiti, 2e vice-président de l’Assemblée, aux députés

Excédé par les clashs à répétition entre les députés et les débordements enregistrés lors des plénières, Tarek Fetiti, deuxième vice-président de l’Assemblée, d’habitude plutôt calme, a laissé exploser sa colère aujourd’hui, mardi 3 mars 2020 : «Élevez un peu le niveau pour que l’on puisse travailler ! Ce n’est pas pour voir ce spectacle que le peuple nous a élus !» a-t-il lancé.

La séance plénière de ce jour a été le théâtre de débordements, allant jusqu’au « takfir » (accusations de mécréance) des députés du Parti destourien libre (PDL), par ceux d’Al-Karama, obligeant Tarek Fetiti, à intervenir, à plusieurs reprises, tentant de calmer les esprits et de recadrer ceux qui, par leurs déclarations, ont dépassé les limites, au prétexte de la «liberté d’expression».

Tarek Fetiti a tenté de gérer la séance tant bien que mal, face à des députés qui échangeaient des accusations et se coupaient mutuellement la parole, tout en demandant des points d’ordre, pour mettre encore de l’huile sur le feu, ce qui a entravé les travaux de la séance devant être consacrée au projet de loi sur l’amendement du seuil électoral.

Des députés du PDL et d’Al-Karama lui ont évidemment reproché sa gestion de la séance, chaque parti l’accusant d’être plus clément avec l’autre et de lui donner plus de temps de parole…

Mohamed Affes (Al-Karama) n’a pas apprécié que Tarek Fetiti lui ait coupé le micro l’informant que son intervention s’apparente à une « fatwa » et n’a pas sa place au parlement, et en dénonçant aussi les propos de Nidhal Saoudi, qui a qualifié les députés du PDL de mécréants, ou encore d’avoir coupé la parole à son autre collègue, ayant qualifié Abir Moussi de «vieille dame».

De son côté, Walid Jalled, député Tahya Tounes, a reproché à M. Fetiti d’avoir minimisé la gravité des propos de Saoudi : «Vous avez été un vecteur de perturbation des travaux et vous avez finalement parlé plus que tout le monde», lui a-t-il lancé, en ajoutant : «Vous êtes allé jusqu’à intervenir en donnant votre avis lorsqu’un député a assuré qu’il n’y a pas eu de « takfir » et vous avez demandé à Abir Moussi de dépasser ce grave incident».

Quant à Fayçal Tebini, il a jugé que le 2e vice-président de l’Assemblée est incapable de gérer la séance : «Jamais nous ne sommes tombés plus bas. Je présente d’ailleurs mes excuses à mes anciens collègues et les anciens présidents de l’Assemblée de 2014-2019, car malgré certains conflits, nous avons pu travailler et faire avancer le pays», a-t-il dit, en appelant M. Fetiti à faire couper les caméras pour ne pas «faire subir au peuple cette scène honteuse». Et de poursuivre : «Monsieur Fetiti, ils vous ont mené dans leur jeu malgré vous, alors sans vouloir remettre en cause vos compétences, ni vous vexer, je demande au président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi, de venir présider la séance à votre place».

Les débordements se sont poursuivis tout au long de la séance matinale et le 2e vice-président, tapant plusieurs fois sur son pupitre avec son maillet, a tantôt demandé aux députés de s’asseoir, tantôt de se taire ou d’écouter leurs collègues et de ne plus leur couper la parole, ou encore de dépasser certaines interventions fâcheuses, afin de permettre la poursuite des travaux de la séance et de ne pas envenimer la situation.

«J’aurais pu demander la levée de la séance, mais que les enfants du peuple voient la vérité. C’est notre réalité et que le peuple sache pour qui il a voté et quelles sont nos discussions aujourd’hui», a-t-il lancé, et d’ajouter en s’adressant à tous les députés : «Elevez un peu le niveau pour que l’on puisse travailler ! Ce n’est pas pour voir cela que les Tunisiens nous ont élus».

Suite à cela, certains députés ont présenté leurs excuses en indiquant qu’ils étaient, eux aussi, épuisés par tant de débordements et surtout gênés par la mauvaise image de l’Assemblée que certains de leurs collègues donnent aux Tunisiens.

Quant à ceux d’Al-Karama et du PDL, et à leur tête Abir Moussi, qui n’a pas arrêté de parler pendant toutes les interventions de ses collègues, ils ont continué de plus belle, jusqu’à la fin de la séance, où Tarek Fetiti a averti que désormais il ne sera plus clément et qu’il coupera le micro aux députés, si leurs propos sont hors-sujet et ne concernent pas l’ordre du jour.

Y. N.

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