L’ancien ministre de l’Emploi, Faouzi Ben Abderrahman (Afek Tounes), et Bassem Loukil, président de Tunisia-Africa Business Council (TABC), s’insurgent contre la non-adoption par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), faute de quorum, du projet de loi organique relative à l’adhésion de la Tunisie à la convention fondatrice de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca).
La réaction de Faouzi Ben Abderrahman que nous traduisons ci-dessous a été publiée dans un post facebook publié hier soir, vendredi 6 mars 2020: «Il s’agit d’un projet de loi important pour nous et pour notre positionnement sur le continent africain. Il est important d’ouvrir notre économie à notre continent, il s’agit d’une profondeur stratégique et économique pour les générations futures.
Cette loi ouvre un marché libre à plus de 50 pays africains. Elle est entrée en vigueur en juillet de l’année dernière et l’ARP était censée la ratifier en raison des avantages qu’elle présente pour nos institutions économiques et sa compétitivité.
Comme beaucoup d’autres, je ne comprends pas pourquoi cette loi a été rejetée, d’autant plus qu’elle n’a pas été débattue sur la scène économique et politique. Alors que tous les programmes des partis parlent d’ouverture sur l’Afrique.
Pouvons-nous dire au monde, désolés, cette loi a été rejetée parce que nos députés étaient absents à la session à l’ARP ? Excusez-nous, parce que nos députés n’ont pas compris l’importance de cette loi? Excusez-nous, parce que notre gouvernement -que 129 députés ont approuvé- n’a pu réunir ses forces pour faire passer cette loi? Excusez-nous, nous ne savions pas que la zone franche avait commencé à être opérationnelle et que la Tunisie avait signé les accords d’adhésion?»
Ben Abderrahman déplore, par ailleurs, «le rôle que l’ARP a abandonné dans la défense des intérêts du pays», et constate amèrement que l’Assemblée est «en train de perdre sa légitimité électorale vu le niveau d’absurdité sans précédent qu’elle a atteint. Quant au gouvernement Fakhfakh, il est ballotté au gré de cette ligue politique».
L’ancien ministre déclare qu’il attendra la publication des détails du vote, «pour connaître les 11 députés qui ont voté contre la loi, les noms de 18 autres qui se sont abstenus de la voter et les mobiles de leur choix, ainsi que les noms des absents».
Bassem Loukil exprime lui aussi son étonnement, dans un post facebook : «Comment peut-on refuser d’adhérer à la Zleca? C’est comme si on se tirait une balle dans le pied, surtout que notre économie agonise et dépend du marché européen à 84% de ses échanges. Le monde entier a compris que l’avenir est en Afrique, sauf nos députés qui ont la science infuse et prennent des décisions sans demander conseils aux spécialistes».
Rappelons que le gouvernement tunisien a signé la convention d’adhésion à la Zleca, le 21 mars 2018, à Kigali (Rwanda). La zone est devenue opérationnelle le 30 mai 2019.
Amina Mkada
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