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Mis au ban de Qalb Tounes : L’éveil tardif de Hatem Mliki

Hatem Mliki semble avoir eu une soudaine prise de conscience de l’intérêt du pays et de la nécessité d’assurer la stabilité des institutions publiques. C’est la raison qu’il a, en tout cas, avancée pour expliquer sa récente démission du bloc parlementaire de Qalb Tounes. Mais doit-on le croire ?

Par Cherif Ben Younès

Le député démissionnaire du bloc parlementaire de Qalb Tounes, Hatem Mliki, dont l’adhésion au bureau politique du parti a été gelée, est revenu hier soir, 11 mars 2020, sur les raisons de sa démission ainsi que celle de 10 autres députés Qalb Tounes. Des explications oiseuses, convenues et qui, surtout, traduisent une prise de conscience tardive des errements auxquels il avait contribué, plutôt activement et avec un grand zèle.

Lors de son intervention sur Attessia TV, M. Mliki a, en gros, indiqué que cette démission est motivée par le refus de participer à une opposition destructive, ne tenant pas compte des intérêts du pays. Tiens, tiens !

Qalb Tounes et les intérêts des pauvres

Mliki estime, en effet, que les positions politiques de Qalb Tounes ne permettent pas la concrétisation de «l’objectif le plus important de l’exercice de la politique en Tunisie», à savoir «la stabilité des institutions publiques».

«Que cherche-t-on exactement lorsqu’on tente de faire chuter, d’abord, le gouvernement de Habib Jemli, puis celui d’Elyes Fakhfakh, tout en se disputant avec le président de la république ?», a-t-il reproché aux dirigeants de son partis.

«Nous avons bâti notre campagne électorale [à Qalb Tounes] sur la défense des intérêts des personnes pauvres et marginalisées. Que pourraient gagner ceux-ci s’il n’y avait plus de stabilité politique dans le pays ? Ou si des lois importantes pour l’investissement en Tunisie, comme celle relative à la Zone de libre-échange continentale de africaine (Zleca), tombaient ?», a-t-il continué à s’indigner, sans, toutefois, remettre en question, à la base, la pertinence du programme électoral de Qalb Tounes, populiste à souhait et faisant aux électeurs des promesses impossible à satisfaire…

Une sincérité douteuse

Parce que combattre la pauvreté ne veut pas dire grand-chose. Il s’agit d’un slogan infiniment populiste qui ne peut être adopté que si on estime que les capacités intellectuelles de notre base électorale sont suffisamment modestes pour ne pas s’en rendre compte.

Tout le monde veut, en effet, que le taux de pauvreté diminue. Ce que l’on attend, en revanche, d’un parti politique aspirant à gouverner c’est d’expliquer concrètement comment il entend y arriver et comment va-t-il financer les programmes à mettre en oeuvre à cet effet. Et ça, les dirigeants de Qalb Tounes, y compris M. Mliki, ne l’ont jamais fait. Ils se sont contentés de faire des promesses mirobolantes, tout en étant conscients des difficultés auxquelles font face les finances publiques dans le pays.

Quoi qu’il en soit, on peut considérer que la prise de conscience de Hatem Mliki – par rapport à la nécessité d’assurer «la stabilité des institutions publiques» – est théoriquement intéressante et louable.

Toutefois, vu son timing extrêmement tardif, on est en droit de douter fortement de sa sincérité… Car le fait que Nabil Karoui, fondateur et président de Qalb Tounes, ne se soucie pas de cette stabilité date déjà de plusieurs années. N’avait-il pas utilisé sa télévision, Nessma TV, pour diffuser des intox contre les gouvernements Habib Essid et Youssef Chahed? Et pour attiser les colères et les conflits, notamment dans les régions ? Et cela, qui provoquait des remous et alimentait des protestations, M. Milki y prenait part activement…

Que cet éveil tardif vienne de Hatem Mliki n’arrange pas, non plus, les choses. Lui qui a déjà fait ses preuves en termes d’absence de sincérité, notamment après avoir juré, lors de la campagne électorale, que son parti ne s’alliera jamais à Ennahdha, avant d’affirmer, quelques jours plus tard, avec un rare cynisme, lorsque cette alliance s’était finalement concrétisée, qu’il donnera (simplement) à manger à 60 pauvres pour se racheter auprès de Dieu, affichant ainsi une indifférence écœurante à l’égard des électeurs de Qalb Tounes, auxquels il aura, au bout du compte, vendu un projet politique mensonger. Et auxquels il a finalement continué à mentir jusqu’au bout…

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