Le plus grand essai clinique thérapeutique incluant près de 5000 patients issus de 165 hôpitaux pendant un mois, appelé Recovery , est actuellement réalisé au Royaume-Uni (bilan du 18 avril 2020 : 114 217 cas, 15 464 morts) afin de tester la réponse des patients atteints de Covid-19 à différents types de traitements.
Par Dr Mounir Hanablia *
Les médicaments testés sont l’Hydroxychloroquine et Azithromycine, séparément puis ensemble, une association d’antiviraux dont l’efficacité a été avérée au cours de l’Ebola liponavir-ritonavir (Kaletra), des anti interleukines 6 dont pour s’opposer aux cytokines responsables de l’hyper réactivité inflammatoire (tocilizumab), des anticorps issus du plasma sanguin de malades contaminés.
Le Remdesivir n’a pas pu être testé, l’étant déjà en Chine et aux Etats-Unis.
Les patients bénéficiaires de ces traitements sont comparés à des groupes témoins placebo.
L’intérêt de cet essai est d’abord d’essayer de chercher des certitudes scientifiques clairement établies, alors que jusqu’à présent, ce sont seules les impressions de certaines sommités scientifiques qui ont influencé les choix et les discours politiques, tels ceux des présidents Trump et Macron (Pr Didier Raoult) par rapport à l’usage de l’hydroxychloroquine.
Ce qui est remarquable dans un tel essai clinique c’est d’abord la vitesse avec laquelle il est réalisé, alors qu’habituellement cela prendrait des années dans des recherches semblables. Ensuite, c’est le nombre de médecins impliqués, contrairement aux habitudes prises d’en confier la réalisation à un petit nombre d’initiés dans des endroits reculés des hôpitaux, et dont personne ne parle.
C’est un peu ce qui se passe en Tunisie depuis toujours, où les petites querelles de chapelles entre les services ont souvent la vie dure, et la situation actuelle que traverse le pays ne semble pas imposer de dérogations spéciales aux règles établies issues de l’école française, des petits secrets jalousement gardés.
On n’a malheureusement pas encore entendu parler de résultats préliminaires d’essais thérapeutiques, le faible nombre de cas établis et hospitalisés de Covid-19, pour le moment, interdisant il est vrai de tirer des conclusions probantes.
Seul le séquençage de l’ARN viral a pour le moment constitué un succès indéniable de la recherche tunisienne, mais l’initiation d’essais cliniques, sans pour autant indiquer les drogues utilisées afin de ne pas provoquer l’habituelle réaction prévisible du public de les dévaliser dans les pharmacies, ne serait pas une mauvaise chose aux yeux d’une opinion publique inquiète…
Quoi qu’il en soit, les résultats de cet essai clinique qui fera date dans l’histoire de la recherche médicale, tellement il est soumis à des besoins impérieux, seront sans doute disponible en principe au mois de juin afin, pour nous, de savoir définitivement si l’Hydroxychloroquine, pourra ou non être considérée, dans l’actuelle pandémie , comme le traitement du pauvre ou du radin.
* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.
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