La crise Covid-19 a démontré l’échec de la mondialisation libérale et le retour en force du protectionnisme. Les pays se sont refermés sur eux-mêmes afin de doter l’Etat des moyens pour affronter la crise et protéger les entreprises nationales. Et si cette crise était une opportunité pour relancer l’économie en Tunisie ?
Par Atef Hannachi *
La Tunisie, on le sait, a une économie ouverte sur l’extérieur où l’exportation a une grande importance en termes d’emploi et de recettes en devises. De même, les sociétés qui opèrent sur le marché local ont un besoin important d’approvisionnement extérieur pour fonctionner et livrer sur leurs clients.
Le schéma suivant présente la composition du PIB tunisien par secteur d’activité :
Ce schéma démontre qu’aucun secteur économique n’est épargné par la crise actuelle, à part l’agriculture, les industries agro-alimentaires et les services financiers.
Les entreprises, et par conséquent l’Etat, vont se trouver affaiblis par le manque de ressources.
La répartition des exportations tunisiennes est détaillée dans le tableau suivant :
La répartition des destinations des exportations tunisiennes par pays se détaille comme suit :
La réparation des importations tunisiennes par secteur se détaille comme suit :
Par conséquent, l’actuelle crise de protectionnisme dans le monde va provoquer les conséquences suivantes :
- réduire les chiffres d’affaires des sociétés d’export, mettre en difficulté les sociétés totalement exportatrices et aggraver la situation de la balance des payements;
- réduire les revenus des entreprises publiques de produits minéraux vu la diminution de la demande mondiale et le ralentissement de la croissance mondiale;
- réduire les flux des IDE.
Ainsi, la barrière mise par le modèle libéral à l’intervention de l’Etat est levée. La théorie deKeynes développée après la crise de 1929 revient en force et l’intervention de l’Etat devient une nécessité pour investir et restructurer les activités économiques.
Dans ce contexte, l’Etat doit utiliser tous les moyens disponibles pour faire face à la crise. Ses priorités seront les suivantes:
- réduire le taux d’intérêt directeur afin d’inciter à investir;
- permettre aux banques de financer les investissements de l’Etat, en adaptant les normes comptables IPSAS pour les comptes des entités publiques;
- aider les entités industrielles opérant sur le marché européen à commercialiser leur produit sur le marché local par l’élimination des barrières à l’entrée, la réduction des coûts de douane et la révision des lois relatives à la franchise;
- promouvoir les investissements intérieurs afin qu’ils complètent les chaînes de valeur locales et réduire les importations;
- promouvoir les produits d’origine tunisienne par l’augmentation des droits de douane sur les produits similaires importés;
- revoir les taux d’imposition en matière de TVA tout en gardant l’équilibre des ressources fiscales afin d’inciter la consommation locale;
- inciter l’Etat à lancer des investissements de restructuration et d’infrastructure avec la formule partenariat publique-privé;
- permettre à l’Etat d’investir dans les dérivés des produits minéraux, vue la diminution de la demande mondiale des produits brut.
* Expert Comptable.
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