Pour Abdelkarim Harouni, président du Conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, seuls l’ignorance ou les conflits idéologiques peuvent expliquer le refus des deux projets de loi controversés sur des accords avec la Turquie et le Qatar, soutenus par son parti à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
En marge d’une conférence de presse tenue ce lundi 4 mai 2020, le dirigeant islamiste a assuré, dans le même cadre, que son parti ne s’intéresse qu’aux intérêts de la Tunisie et qu’il n’acceptera que les accords légaux et respectant la souveraineté du pays.
Rappelons que plusieurs politiciens et activistes de la société civile se sont ardemment opposés à ces accords, allant même à les comparer à des projets colonialistes, faisant allusion aux liens étroits entre Ennahdha et ces deux pays, bailleurs de fonds des groupes islamistes, y compris armés, à travers le monde, et de l’organisation internationale des Frères musulmans, dont le parti islamiste tunisien serait membre.
Sur un autre plan, Harouni a commenté les appels au retrait de la confiance au président de l’ARP, le chef islamiste Rached Ghannouchi, à la dissolution du parlement et à la désobéissance civile, assurant que le sit-in Errahil ne se répétera pas et rappelant qu’en 2013, il avait abouti à un dialogue national.
En fait, ce sit-in, observé pendant plusieurs mois devant le siège de l’Assemblée nationale constituante (ANC), a été à l’origine de la démission du chef de gouvernement Ali Larayedh et la fin de la première expérience d’Ennahdha au pouvoir. La seule évocation de cet épisode peu glorieux de leur passé récent met les islamistes tunisiens dans un état de crise de nerfs. On comprend qu’ils redoutent aujourd’hui sa répétition, alors que le pays traverse une grave crise sanitaire, économique et sociale, et que beaucoup de citoyens tunisiens rendent Ennahdha responsable de la détérioration de tous les indicateurs dans le pays au cours des 10 dernières années. Ce qui n’est pas totalement faux, loin s’en faut…
C. B. Y.
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