Le député du bloc démocrate, Mongi Rahoui, a mis la lumière, ce mardi 19 mai 2020, lors de la plénière consacrée à l’audition de la ministre de la Justice, Thouraya Jeribi, sur des pratiques relevant de corruption politique, exercées par le parti Ennahdha et notamment son chef et président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi.
Rahoui a, d’abord, accusé Ghannouchi d’avoir dissimulé des demandes de levée de l’immunité parlementaire de certains députés afin de les protéger illégalement. Et d’utiliser les demandes comme un moyen de pression sur les députés concernés pour obtenir leur ralliement aux positions d’Ennahdha. Il n’a néanmoins pas cité des noms à ce propos.
Le député a, par ailleurs, rappelé que l’immunité des élus du peuple ne doit pas être absolue, comme c’est le cas aujourd’hui, mais limitée à leurs activités parlementaires, et a, de ce fait, appelé Mme Jeribi à expliquer la procédure à suivre pour retirer l’immunité parlementaire à un député, sur la base de règles claires et connues de tous.
Mongi Rahoui a, sur un autre plan, évoqué une affaire de corruption politique dans laquelle serait impliqué un autre Nahdhaoui, le dirigeant Adel Daâdaâ, avec la complicité de Rached Ghannouchi et de Abdelkrim Harouni, président du Conseil de la choura au sein du parti islamiste.
Sans entrer dans les détails de cette affaire judiciaire en cours, le député de la gauche a affirmé qu’un citoyen a été menacé par Adel Daâdaâ et que les deux hommes forts d’Ennahdha, Harouni et Ghannouchi, l’ont contacté pour lui proposer un deal à condition qu’il nie toute relation avec M. Daâdaâ.
Selon Rahoui, l’affaire s’est, par la suite, retournée contre le citoyen en question. Il a donc appelé la ministre de la Justice à intervenir auprès du Parquet pour faire bouger ce dossier.
Présent plus tard, dans l’après-midi, sur le plateau de «Midi show», l’émission de Mosaïque FM, Rahoui n’a pas exclu la possibilité de demander, dans l’avenir, la destitution de Rached Ghannouchi, rappelant ses multiples bourdes depuis qu’il est devenu président de l’ARP.
Une rencontre louche en Turquie avec Erdogan en pleine guerre libyenne, des mesures exceptionnelles qui violent le règlement intérieur du parlement, des nominations, au sein de son cabinet, de personnalités de son parti, notamment avec des privilèges ministériels… Rached Ghannouchi a fait trop d’erreurs pour qu’il demeure à son poste actuel, estime Mongi Rahoui, qui évoque une «appropriation» de l’ARP de la part du leader islamiste.
Cherif Ben Younès
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