Près des deux tiers des ménages en Tunisie ont été impactés, sous une forme ou une autre, par la pandémie du Covid-19, essentiellement par l’augmentation des prix des produits alimentaires et par la perte d’emploi.
L’Institut national de la statistique (INS), en collaboration avec la Banque Mondiale, a lancé une enquête pour étudier et suivre l’impact du Covid-19 sur le quotidien des Tunisiens.
Cette enquête est administrée par téléphone auprès d’un panel de 1369 ménages représentatif de la population tunisienne. Le nombre de répondants à la première vague de l’enquête, menée du 29 avril au 8 mai 2020, était de 1030 ménages, soit un taux de réponse de 77%.
L’échantillon permet de décliner des résultats statistiquement significatifs au niveau national, par milieu et selon les différents quintiles de consommation de la population tunisienne.
Les principaux thèmes abordés par la première vague de l’enquête sont les connaissances et comportements sociaux des Tunisiens en lien avec le Covid-19, l’accès aux biens et services/sécurité alimentaire et l’activité économique.
Le premier résultat qui ressort de l’enquête est la bonne connaissance par les Tunisiens des mesures à respecter pour limiter la propagation du virus.
La grande majorité des enquêtés ont adopté et respecté les mesures basiques d’hygiène et de distanciation sociale.
Au niveau de la disponibilité des biens de consommation, la crise sanitaire a eu des répercussions sur l’approvisionnement en certains produits de base, essentiellement la farine et la semoule et dans une moindre mesure les produits sanitaires. Cette pénurie a affecté de manière relativement égale l’ensemble des classes de la population.
Toutefois, d’autres denrées alimentaires (pains, pâtes, légumes, fruits), les produits de nettoyage ou encore les produits énergétiques étaient largement disponibles.
En revanche, l’accès aux produits sanitaires a été plus difficile pour les personnes ayant un niveau de vie plus modeste. Ces produits étaient presque deux fois plus inaccessibles pour le quintile le plus pauvre que pour le quintile le plus riche de la population.
Cette enquête confirme que le taux de couverture sociale et sa qualité sont moins bons pour les personnes les plus vulnérables économiquement. Cette tranche de la population serait donc a priori plus exposée à l’impact d’une crise sanitaire. Cependant, la difficulté d’accès aux soins dans le cadre du confinement a touché de façon quasi uniforme l’ensemble des catégories de la population. Ceci est principalement dû aux difficultés à se déplacer et à trouver du personnel médical disponible lors du confinement.
En outre, l’enquête révèle que près des deux tiers des ménages ont été impactés, sous une forme ou une autre, par le Covid-19, essentiellement par l’augmentation des prix des produits alimentaires et par la perte d’emploi.
Ainsi, par exemple, plus d’un tiers des répondants ont déclaré avoir appréhendé de manquer de nourriture pour des raisons financières durant le mois précédant l’interview. Une crainte plus marquée en milieu rural et pour les ménages ayant un faible niveau de vie. Ces craintes se sont traduites chez une partie de la population par une modification des habitudes alimentaires en réduisant les quantités consommées ou en consommant des aliments peu appréciés en temps normal.
Pour faire face à l’augmentation des prix des produits alimentaires ou pour pallier la perte de leur emploi, les ménages interrogés ont puisé dans leurs économies (plus de 25%), reçu de l’aide ou emprunté de l’argent à des proches (plus de 25%), eu recours à un paiement différé de leurs obligations (environ 15%); tandis que certains ont modifié leurs habitudes de consommation alimentaires et non alimentaires.
Sur le plan professionnel, l’activité économique a été fortement réduite pour la grande majorité des travailleurs, et une baisse des revenus a été observée. Ainsi, seulement un tiers des personnes interrogées déclarant exercer une activité professionnelle avant le confinement ont pu poursuivre leur travail. Parmi ceux qui étaient en arrêt d’activité, chez les salariés, seuls 40% ont perçu tout ou une partie de leur salaire. Les unités de production familiales ont également été fortement impactées par la crise.
Le format de l’enquête est prévu pour intégrer graduellement les principaux thèmes de préoccupation des ménages au fur et à mesure de la progression vers le déconfinement de l’activité. Ainsi la deuxième vague, dont les résultats seront prochainement publiés, a incorporé les thématiques de l’éducation et de la santé mentale ainsi que la résilience financière des ménages.
Principaux résultats :
•Plus de 80% des personnes interrogées sont bien informées et appliquent les mesures basiques d’hygiène et de distanciation sociale (se laver les mains, éviter les contacts rapprochés).
•Plus d’un tiers des personnes interrogées ont eu besoin d’une assistance médicale mais n’ont pas pu y accéder à cause du confinement total.
•Plus d’un tiers des ménages les plus pauvres ont réduit la quantité ou la qualité des biens alimentaires consommés durant le confinement total.
•Deux tiers des personnes interrogées qui travaillaient avant le confinement, n’avaient toujours pas repris une activité professionnelle à fin avril.
•60% des salariés en arrêt de travail déclaraient ne plus recevoir aucune rémunération. Cette proportion s’élève à près de 80% pour les 40% les plus pauvres.
•Le télétravail a concerné une personne sur dix parmi les employés ayant pu continuer à travailler durant le confinement total. Cette proportion augmente à un sur trois pour le quintile le plus riche.
Source : INS.
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