La montée de Abir Moussi et du Parti destourien libre (PDL) dans les sondages d’opinion déplaît beaucoup aux dirigeants du mouvement Ennahdha, qui y voit désormais une adversaire aussi redoutable que sérieuse. Mais pas seulement…
La députée, qui fait beaucoup parler d’elle et se positionne désormais comme l’incarnation de l’hostilité au parti islamiste et la principale opposante au système consensuel en place depuis 2011, commence à déplaire aussi aux partis appartenant à sa propre famille politique dite moderniste, socio-libérale ou centriste, et qui se réclame, comme elle, du legs de Bourguiba, du Néo-Destour et de l’Etat national.
Marginalisés par cette montée en puissance de l’avocate, un véritable bulldozer politique qui risque de tout emporter sur son chemin, des personnalités destouriennes vont manœuvrer pour essayer sinon de lui disputer son ancrage bourguibiste du moins de lui grignoter une partie de son électorat potentiel.
C’est ainsi que Kamel Morjane, que l’on dit sur le départ de Tahya Tounes, et Mohamed Ghariani, pour ne citer que ces deux anciens ministres de Ben Ali, seraient pressentis pour jouer ce rôle d’anti-Moussi aux yeux des Destouriens dont beaucoup n’apprécient pas l’avocate s’ils ne la méprisent pas, la considérant comme une parvenue voire comme une intruse.
Voilà donc qu’au bonheur d’Ennahdha, la machine à diviser les rangs des Destouriens est déjà mise en marche, quatre ans avant les prochaines échéances électorales.
Quant à Moussi, elle pourrait faire sienne cette fameuse phrase : «Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! »
Imed Bahri
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