Oum Kalthoum Ben Hassine, universitaire à la retraite, ancienne professeure en sciences biologiques à la Faculté des sciences de Tunis (FST), Université Tunis – El Manar, est victime d’une injustice que lui ont infligée… ses anciens collègues.
Par Imed Bahri
Comme tous les professeurs d’université ayant passé l’essentiel de leur vie active (et dans son cas ce sont 40 longues années) à enseigner, à diriger des travaux et à publier des recherches dans les prestigieuses revues de leurs disciplines respectives, Mme Ben Hassine a postulé après sa sortie à la retraite au titre de «professeur émérite».
Cela, faut-il le rappeler, n’a aucune incidence financière pour l’Etat employeur. Car ce titre ne lui permet pas de continuer à donner des cours. Mais il a une valeur symbolique et honorifique. Il couronne une vie entièrement dédiée à l’enseignement et à la recherche et permet aux jeunes chercheurs de profiter de l’expérience de leurs aînés notamment dans l’orientation de leurs recherches doctorales.
Assurer une continuité entre les générations
En fait, un professeur émérite ne prend rien à personne et ne mange pas le pain de ses collègues encore en fonction. Il fait juste profiter de son expérience et de ses connaissances le département où il passé l’essentiel de sa carrière scientifique, ce qui assure une continuité entre les générations, fait profiter les plus jeunes et permet aux anciens de garder le contact avec le monde de la recherche scientifique.
Dans le cas de Mme Ben Hassine, les membres du conseil scientifique de la Faculté des sciences de Tunis ont donné leur accord à l’unanimité pour l’attribution du titre de professeur émérite à leur collègue, mais c’est l’administration de la faculté qui y a fait obstruction, et c’est le cas de le dire, car elle n’est pas habilitée légalement à s’opposer à une telle décision.
Après moult péripéties et échanges de lettres, l’universitaire à retraite s’est résignée à saisir le tribunal administratif de son affaire, et le jugement, prononcé le 26 novembre 2019, lui a donné raison.
Un niet têtu et injuste opposé à une ancienne collègue
Forte de ce jugement, Mme Ben Hassine a fait valoir son droit auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui a ordonné au rectorat de l’Université El-Manar d’octroyer à l’universitaire son titre de «professeur émérite». Deux courriers en ce sens ont même été signés par deux ministres successifs, Slim Khalbous, et Hatem Ben Salem qui assura l’intérim lorsque ce dernier a été nommé recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF).
Mais, rien n’y fit : n’en faisant qu’à leur tête et faisant fi des règlements et des lois, l’ex-président de l’université Tunis El-Manar puis son successeur continuent d’opposer un niet têtu et injuste à leur ancienne collègue.
C’est donc la présidence de l’université et non pas l’administration de la Faculté des Sciences qui fait obstruction, or elle n’est pas habilitée légalement à s’opposer à une telle décision
N’y a-t-il pas une autorité, dans ce pays, pour faire appliquer le droit aux récalcitrants, même si ces derniers se trouvent être des professeurs d’université.
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