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Elyes Fakhfakh assure avoir renoncé à la direction directe de sa société dans les délais légaux

Accusé il y a 2 jours, par le député Yassine Ayari, de diriger une société privée alors qu’il est en même temps chef du gouvernement, ce qui constituerait une violation de la loi, Elyes Fakhfakh a indiqué ce jeudi, 25 juin 2020, qu’il a renoncé à cette direction dans les délais légaux de 60 jours depuis la prise de ses fonctions à la tête du gouvernement.

Fakhfakh a, en effet, assuré, lors de la plénière de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), consacrée à l’évaluation des 100 premiers jours du gouvernement, que conformément à l’article 18 de la Loi n° 2018-46, portant déclaration des biens et des intérêts, de la lutte contre l’enrichissement illicite et le conflit d’intérêt dans le secteur public, qu’il a renoncé à la direction de sa société (Standard conseil), le 15 avril 2020 (soit environ 45 jours après la prise de ses fonctions) et qu’il en a informé l’Instance nationale de la lutte contre la corruption (Inlucc) à la même date.

Le chef du gouvernement a, dans le même contexte, précisé qu’en se basant sur le principe du report des délais, qu’il a lui-même décrété dans le cadre de la lutte nationale contre le coronavirus, il disposait de plus de temps pour procéder à cette renonciation, mais qu’il a quand même préféré le faire indépendamment de ce paramètre.

Concernant l’autre polémique qui entoure ses activités financières, à savoir sa possession d’actions dans une société ayant des affaires avec l’Etat, Fakhfakh a estimé que l’article 20 de la loi susmentionnée est ambigu, reconnaissant que selon une certaine interprétation, il le met sous le coup d’un conflit d’intérêts et ajoutant qu’il présentera, jeudi prochain, une initiative législative afin de l’amender, et ce, en vue de le rendre plus précis. Proposition maladroite s’il en est : M. Fakhfakh veut changer une loi qu’il n’a pas respectée.

L’ancien ministre du Tourisme et des Finances (2012 – 2013) a, par ailleurs, rappelé que, quelle que soit l’issue de cet éventuel amendement, il a décidé de céder ses parts dans cette société (opérant dans le secteur de l’exploitation des déchets et qui ne peut avoir donc que l’Etat comme client) et qu’il a déjà entamé les procédures à cet effet depuis la semaine dernière.

Il reste que, lors de son interview avec Boubaker Ben Akacha du 14 juin 2020, Fakhfakh avait menti concernant la valeur exacte de ses actions, prétendant qu’elles étaient de 20%, alors qu’elles sont en réalité de 66%. En plus, il n’a décidé de les céder qu’après l’éclatement d’une polémique suite à cet entretien, bien qu’il savait très bien que l’article 20 de la loi ne légitime pas cette possession, du moins selon une certaine lecture.

Autrement dit, même s’il réussira à se sortir de cette affaire sur le plan judiciaire, éthiquement, il n’est pas irréprochable et sa crédibilité a définitivement été altérée.

Cherif Ben Younès

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