En raison de l’expansion de la corruption, fléau qui ronge notre société, il serait utile voire judicieux de réaliser, dès le plus jeune âge, des «swot analysis» et des ateliers de brainstorming avec des élèves. L’objectif de ces ateliers serait une sensibilisation sur les méfaits et les conséquences de la corruption qui se dissémine et surtout s’instrumentalise au sein de notre société.
Par Ridha Jaber *
En effet, la corruption, phénomène perceptible à toutes les échelles, s’est nettement répandue dans les attitudes et le conscient du citoyen au point de devenir subliminal. De la sorte, l’intégrité de la citoyenneté est largement entamée.
«Révélée, la corruption financière peut être combattue et sanctionnée. La corruption des idées est plus insidieuse, plus subtile et, à ce titre, d’une dangerosité plus essentielle», écrivait Edwy Plenel.
Sensibiliser l’enfant d’âge scolaire sur la lutte contre la corruption
Grâce à l’école, il nous appartient, en tant qu’adulte et responsable d’établissement scolaire, de sensibiliser les enfants pour favoriser des évolutions positives et citoyennes. La racine de la corruption n’est pas l’argent facile; c’est plutôt la cupidité de l’être humain.
Un des nombreux objectifs éducatifs est de promouvoir l’éthique, la lutte contre la corruption et inculquer les valeurs sociales chez les jeunes en milieu scolaire.
Dans ce cadre, l’idéal serait de procéder, dans la mesure du possible, par des méthodes didactiques versées dans le ludique (tels que ateliers thématiques faisant intervenir les jeux, les outils multimédias, les dessins humoristiques porteurs d’un message anticorruption ou encore des présentations théâtrales) destinées aux élèves du lycée, du collège et du primaire voire même de la maternelle.
Ainsi, les enfants seraient confrontés à des objectifs pédagogiques leur permettant d’effectuer des recherches et de réfléchir au problème de la corruption et à lutter contre ces pratiques. L’impact direct serait un rôle inversé pour faire positiver le comportement de leurs parents et de leur famille en favorisant l’essor de ce type d’approches inter-générations appliquées à la lutte contre la corruption.
Les élèves peuvent être une puissante locomotive du changement des attitudes des adultes. L’enjeu est de créer un effet domino qui pourrait faire reculer la corruption dans les générations futures, voire même dans la génération d’aujourd’hui.
En pratique et à cours terme, il serait important d’occuper les temps libres de façon utile et intelligente en proposant des espaces où les enfants et les jeunes peuvent participer à des activités créatives et à des jeux centrés sur les moyens d’identifier la corruption et de lutter contre.
Pourquoi cibler particulièrement les enfants ?
C’est généralement entre 10 et 12 ans que les enfants apprennent réellement le respect des règles et qu’ils acquièrent la notion de «justice». C’est également à ce stade très important du développement cognitif que les enfants commencent à ressentir des émotions intenses telles que la honte, la fierté, la culpabilité et le remord, lesquelles influent sur leur façon de penser et d’agir.
N’étant pas encore «pollués» par les pratiques sociétales, ils portent en eux l’espoir d’un monde meilleur, pas corrompus et constituent souvent une force de changement aussi puissante qu’inexploitée car on ne leur donne pas la place qu’ils méritent.
En développant et en cultivant une conscience et un regard négatif sur la corruption dès le plus jeune âge, il est possible d’avoir une influence positive sur les générations futures en bâtissant une société qui valorise l’intégrité et identifie clairement la corruption comme quelque chose de mauvais et de dangereux.
Ces initiatives auront tendance à être davantage orientées sur la compréhension des phénomènes de corruption par les enfants tout en développant les notions de responsabilité civique.
En parallèle, il sera utile de mettre en place des ateliers pour le corps enseignant.
Ces mêmes enseignants, une fois formés puis respectant la continuité par des formations ou informations continues, seraient à même de prendre en charge des «clubs de loyauté ou de probité» pour inculquer des valeurs morales aux enfants ainsi que pour les encourager à s’élever contre la corruption et à prévenir ce phénomène.
Il s’agit donc de mini-projets d’étude confiés aux élèves, de façon individuelle ou par petits groupes.
L’exposé de ces projets permettra également de valoriser l’enfant dans sa dimension authentique et citoyenne, tout en consolidant sa personnalité.
«Notre époque est, dit-on, le siècle du travail ; il est en effet le siècle de la douleur, de la misère et de la corruption», disait Paul Lafargue.
Heureusement que les enfants sont les graines de l’avenir. Plante de l’amour dans leur cœur et entretien leur cœur avec la sagesse des leçons de la vie.
* Chef d’établissements scolaires (Académie du Lac et Collège du Lac).
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