Le député d’Attayar et chef du Bloc démocrate, Hichem Ajbouni, estime que l’équilibre partisan qui existait au sein du gouvernement Fakhfakh ne correspondait pas aux attentes du mouvement Ennahdha, lequel ne cherche pas, selon lui, à avoir un partenariat avec d’autres partis, mais à les avoir sous son autorité. C’est comme ça qu’il explique d’ailleurs l’alliance parlementaire actuelle entre le mouvement islamiste et Qalb Tounes.
Intervenu ce matin, 4 août 2020, sur Express FM, Ajbouni a appelé le président de Qalb Tounes, Nabil Karoui, poursuivi notamment pour des affaires de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale, à «laisser la justice suivre son cours» et à «ne pas se soumettre au chantage d’Ennahdha».
«Un jour ou l’autre, tous ces dossiers judiciaires seront ouverts», a-t-il encore lancé, ajoutant qu’il faut donc privilégier l’intérêt du pays, plutôt que de se fier aux promesses nahdhaouies.
«Comme on l’a dit hier au chef du gouvernement désigné, le problème principal du pays est la corruption politique. La combattre doit être au sommet des priorités du prochain gouvernement, car on est on en train de se diriger vers une démocratie corrompue et ratée», a-t-il ajouté.
Ajbouni a, dans le même contexte, assuré qu’Attayar avait demandé à Hichem Mechichi de former un gouvernement «fort», politiquement et économiquement, et qu’il ne devait pas se soucier de la confiance du Parlement… Sans doute parce que ce ne serait pas évident d’obtenir cette confiance sans le soutien de la troïka parlementaire composée d’Ennahdha, Qalb Tounes et Al-Karama.
Ces derniers seront, de toutes les façons, contraints de lui voter la confiance pour ne pas avoir à faire face à la dissolution de l’Assemblée et à des élections législatives anticipées qui porteraient au pouvoir leur ennemie jurée Abir Moussi et son Parti destourien libre (PDL), donnés en tête des sondages d’opinion.
Les propos de Ajbouni laissent entendre qu’Attayar s’opposerait à la participation d’Ennahdha et de Qalb Tounes au prochain gouvernement, confirmant ainsi les insinuations de Mohamed Abbou, exprimées hier, suite à sa rencontre avec Hichem Mechichi, et contredisant, en contrepartie, la vision de leurs partenaires parlementaires du mouvement Echaâb, dont le secrétaire général, Zouhaïr Maghzaoui, a clairement indiqué qu’il n’avait pas de veto quant à la participation du parti de Nabil Karoui au gouvernement Mechichi.
Sur un autre plan, il a appelé le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, à démissionner de la présidence du Parlement afin d’éviter d’être destitué dans l’avenir, assurant qu’en quittant son poste, le tapis serait, par la même occasion, tiré sous les pieds de Abir Moussi, présidente du PDL, qui se nourrit, selon ses dires, de sa présence à la tête de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Cherif Ben Younès
Donnez votre avis