Hier, samedi 15 août 2020, nous avons atteint, en Tunisie, un triste record, celui de 120 nouveaux cas de coronavirus (Covid-19) détectés en une seule journée. Même au plus fort pic de la pandémie, nous n’avions jamais dépassé les 100 cas et nous voilà propulsés dans la cour des grands. Plus de 2000 cas depuis le début de l’épidémie. Est ce grave docteur?
Par Pr Faouzi Addad *
Pour certains le virus est moins mortel et donc laissons l’immunité collective s’installer dans notre pays et pour d’autres, le mois de septembre sera probablement mortel et l’hiver catastrophique.
Le vrai chiffre qui devrait être regardé en réalité c’est le nombre de personnes admis dans des hôpitaux et le nombre de morts. Or ce chiffre semble en baisse dans le monde comparativement à la première vague. Pourquoi? Les explications sont multiples, mais ce phénomène est principalement lié au fait que le virus touche plus les jeunes actuellement (souvent de manière asymptomatique) et moins les personnes vulnérables.
Les signes d’inquiétude se multiplient
Nous sommes en été et nous vivons plus à l’extérieur dans des endroits aérés. L’impact de la chaleur sur le virus reste encore controversé. Le virus n’est donc pas moins virulent mais il touche plus une catégorie de jeunes et je dirais tant mieux pour l’instant.
Le nombre de personnes contaminées par la Covid-19 hospitalisés en Tunisie reste faible (24 patients), encore très loin du risque de saturation des hôpitaux avec un nombre de nouveaux décès très faible depuis la nouvelle ascension de la courbe.
Est-ce que cela est rassurant? Pas tout à fait, car le virus est toujours le même, l’hiver approche et surtout ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’il n’y a plus aucun signe extérieur en ville de la présence d’une menace sanitaire. Pratiquement aucun masque porté (parfois accroché au menton), des Tunisiens de retour de l’étranger qui ne respectent plus rien, les embrassades et les mains qui se serrent comme avant et le lavage des mains inexistant. Rien qu’à voir tous les flacons de gel hydro-alcoolique dans les lieux publics vides et non renouvelés. La vraie menace c’est cela. Il n’existe plus de prévention dans notre pays. Je ne suis pas pour créer une ambiance de panique générale mais pour reprendre ce qui a fait notre succès lors de la première bataille, le respect des mesures barrières du moins pendant les premières semaines.
Reprenons nos réflexes acquis en mars et avril
Notre économie est agonisante, notre gouvernement en mode veilleuse, notre peuple en mode été mais l’épidémie progresse comme partout dans le monde. Je demande à tous mes confrères et à tous le personnel de santé d’être très vigilant et de se protéger au travail et en dehors de l’hôpital car nous sommes un secteur certes vital mais aussi vulnérable dans cette épidémie. Le nombre de médecins algériens et égyptiens décédés doit nous rappeler que la Covid-19 n’est pas une simple grippe.
Dans cette deuxième bataille qui s’annonce, reprenons nos réflexes acquis en mars et avril, arrêtons de se serrer la main, évitons les rassemblements et protégeons nos parents des visites et sorties inutiles.
* Professeur en cardiologie.
Donnez votre avis