A 5 jours de la date de la plénière consacrée au vote de confiance au gouvernement proposé par Hichem Mechichi, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a laissé entendre que son bloc parlementaire va finalement s’y opposer.
Par Cherif Ben Younès
Bien qu’elle ait, pour la première fois, participé aux concertations autour de la formation du gouvernement et annoncé que son parti était en voie d’accorder sa confiance à Hichem Mechichi, Abir Moussi semble avoir finalement changé d’avis suite à l’annonce de la liste ministérielle finale.
En tout cas, c’est ce que présagent les réserves qu’elle a exprimées ce jeudi, 27 août 2020, concernant le gouvernement proposé, lors d’une conférence de presse.
Moussi a dit que la formation du gouvernement a connu «une déviation dangereuse dans les dernières heures et une agitation dans l’orientation adoptée par Hichem Mechichi».
Elle reproche notamment à ce dernier le choix de certaines personnalités dont l’indépendance est douteuse, et qui seraient même, selon elle, proches du parti Enahdha… son ennemi juré.
C’est le cas d’Ali Hafsi, ancien dirigeant et député de Nidaa Tounes, proposé en tant que ministre chargé des Relations avec l’Assemblée, alors qu’il est, pour elle, «l’œil de Rached Ghannouchi», chef du mouvement islamiste, au sein du gouvernement actuel.
L’avocate met également en doute l’indépendance d’Othman Jerandi et d’Ahmed Adhoum, respectivement proposés comme ministres des Affaires étrangères et des Affaires religieuses.
Elle a également remis en question la capacité du ministre de la Défense proposé, Brahim Bartaji, à diriger un tel département alors qu’il n’a «aucune expérience politique», tout comme celui de la Justice, Mohamed Boussetta.
Le ministre de l’Intérieur proposé, Taoufik Charfeddine, ne plaît pas non plus à Moussi, car il aurait «un proche terroriste», selon elle.
Moussi a, sur un autre plan, critiqué la structure gouvernementale proposée par Hichem Mechichi, marquée par la disparition de ministères importants à ses yeux, comme ceux de l’Emploi et de la Formation professionnelle, des Droits de l’homme et du Développement régional.
L’ancienne dirigeante au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) a finalement affirmé que Hichem Mechichi l’a déçue aux derniers instants et l’a appelé à se rattraper avant la présentation de son équipe gouvernementale devant l’Assemblée, en changeant les ministres cités.
Autant dire que le PDL ne va sans doute pas accorder sa confiance au gouvernement Mechichi, car ce dernier ne va pas changer, à quelques jours du vote, tous les ministres qu’il a choisis pour occuper les départements de souveraineté, comme l’exige Mme Moussi.
Reste que ce changement d’attitude a du sens, car le PDL est classé premier dans les derniers sondages d’opinion. Le rejet du gouvernement Mechichi, la dissolution de l’Assemblée par le président de la république et la tenue de législatives anticipées pourraient donc être, dans l’état actuel des forces politiques, une bonne affaire pour Moussi et ses partisans.
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