Désigné comme ministre de la Culture dans la liste gouvernementale proposée par Hichem Mechichi, Walid Zidi a montré beaucoup d’hésitation dans les médias et les réseaux sociaux quant à son acceptation de ce poste. Une attitude qui n’a pas plu au chef du gouvernement désigné, qui a décidé ce jeudi, 27 août 2020, de retirer son nom de son gouvernement proposé… 5 jours avant la plénière consacrée au vote de confiance à ce gouvernement.
Par Cherif Ben Younès
Walid Zidi ne sera donc pas le premier non-voyant à occuper un poste de ministre en Tunisie. Et c’est lui qui l’aura, en quelque sorte, voulu…
En effet, un post qu’il a écrit sur Facebook, partagé avec ses amis uniquement, où il a affirmé, avec beaucoup d’ambiguïté, qu’il «n’acceptera pas ce qui lui a été proposé lorsque le moment sera venu» a dû dissuader Hichem Mechichi de lui accorder le portefeuille de la Culture, même si M. Zidi a déclaré, dans la foulée, que son message ne signifiait pas qu’il se retirait du gouvernement proposé, mais qu’il hésitait à accepter une aussi lourde responsabilité.
Pas de place pour l’hésitation lorsqu’il s’agit de servir son pays
Pour justifier sa décision, Mechichi a souligné, via un communiqué publié par son bureau de communication, qu’«il n’y avait pas de place à l’hésitation et l’abstention lorsqu’il s’agit de servir la Tunisie et de répondre au devoir national».
Une décision compréhensible, certes, mais des arguments exagérés, populistes et qui manquent, cruellement, d’élégance. D’abord parce qu’on peut très bien servir la nation sans être ministre, et ensuite parce que le fait d’hésiter face à un poste aussi prestigieux est tout à l’honneur du concerné.
Mais au-delà de ces détails, cette affaire remet totalement en question la pertinence du processus adopté par Mechichi pour choisir son équipe gouvernementale et des critères sur lesquels il s’est basé pour désigner «des noms». Y a-t-il eu une réelle communication avec ses futurs ministres ? Y a-t-il eu un échange sur leurs programmes ? Lui ont-il clairement signifié leurs enthousiasme et détermination ?
Walid Zidi encore une fois desservi par son handicap
Cela ne semble pas être le cas avec le jeune Walid Zidi en tout cas, dont la nomination a visiblement été exclusivement motivée par l’handicap que porte cet enseignant universitaire, et ce, pour «gagner» la sympathie de l’opinion publique. Beaucoup l’ont pensé et dit sur les réseaux, sans prendre des gants, ce qui n’a pas manqué de froisser le candidat, qui s’est trouvé au cœur d’une polémique, beaucoup ayant douté des capacités d’un non-voyant à occuper un poste ministériels, qui plus est celui de la Culture.
Résultat des courses : l’opération politique, qui visait à faire oublier l’handicap et à montrer que les handicapés sont des citoyens comme les autres et ont les mêmes droits que leurs concitoyens, y compris celui de gouverner ces derniers, a finalement eu l’effet inverse, puisqu’elle a rendu encore plus criard le handicap de la personne concernée, ainsi mise brutalement sous la lumière des projecteurs.
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