Dans le cadre de la 46e édition du Festival méditerranéen de la Goulette, la comédienne et humoriste Wajiha Jendoubi a présenté son dernier one-woman-show «Big Bossa» à l’espace El Karraka face à un public venu nombreux.
Par Fawz Ben Ali
Parmi les quelques festivals maintenus cet été, figure le Festival méditerranéen de la Goulette qui avait démarré le 15 août et qui se poursuit jusqu’au 30 du même mois. Pour cette édition inédite préparée à la hâte, le programme était essentiellement centré sur le théâtre.
Le soir du mercredi 26 août, l’espace El Karraka était particulièrement rempli, bien plus que les soirées précédentes, même la députée et présidente du Parti destourien libre (PDL) Abir Moussi y était; car ce soir c’est «Big Bossa» qui est à l’affiche, un spectacle d’humour socio-politique signée Wajiha Jendoubi.
Un spectacle qu’elle a orchestré de bout en bout
On l’a connue à la télévision dans des feuilletons et sitcoms à succès comme «Mnamet Aroussia», «Gamret Sidi Mahrous», «Loutil», «El Hajjema» … et un peu moins sur le grand-écran («La saison des hommes», «El Jaïda» …), Wajiha Jendoubi s’essaye aussi depuis quelques années au one-woman-show et il faut dire que cela lui réussit plutôt bien.
Présenté pour la première fois en 2019 dans de grands festivals comme celui de Carthage, «Big Bossa» est le premier spectacle que Wajiha Jendoubi orchestre de bout en bout, car après avoir confié la mise en scène de «Madame Kenza» à Moncef Dhouïb et puis avoir coécrit et mis en scène «Ifcha mon amour» avec Chedli Arfaoui, elle assure désormais entièrement ce dernier spectacle.
Wajiha Jendoubi entame son show en apparaissant sous une longue cape noire; à première vue on la croirait plutôt un personnage de sorcière, mais il s’agit finalement d’une nouvelle ministre qui vient prêter serment.
Quand madame tout-le-monde devient un personnage public
Le personnage principal de «Big Bossa» est une madame tout-le-monde, une employée de l’administration tunisienne qui mène une vie ce qu’il y a de plus ordinaire, jusqu’au jour où elle reçoit un SMS l’informant qu’on vient de la nommer ministre.
Son programme ministériel, elle l’a déjà bien en tête : tout changer ! A commencer par son mari et sa famille issue d’une classe populaire qui ne lui sied plus. Adieu les friperies, le hammam, les mariages sur le toit… Elle est désormais ministre et elle doit s’habiller chez les grands créateurs libanais, se détendre dans les spas et pourquoi pas faire quelques chirurgies esthétiques, après tout, «c’est le prestige de l’Etat qui l’exige», souligne-t-elle.
«Big Bossa» est donc un spectacle d’humour socio-politique où Wajiha Jendoubi a souhaité à la fois dénoncer les abus de pouvoir, la corruption et l’incompétence des hommes d’Etat, un sujet d’actualité avec les interminables remaniements ministériels qu’on connait en ce moment, tout en évoquant des sujets de société du quotidien, notamment la vie conjugale vue par les femmes qui travaillent, font tout à la maison et subviennent aux besoins financiers de leurs familles sans pour autant obtenir la reconnaissance de leurs maris qui continuent de croire à la supériorité du sexe masculin et qui s’opposent farouchement à l’égalité.
En construisant son spectacle autour d’une multitude de personnages publics et fictifs et de situations cocasses, Wajiha Jendoubi nous offre un show bien au point, car elle ose tout, ne lâche rien ni personne (le président de la république, l’ambassadeur français, cheikh Al-Azhar, les députés…).
Malgré les quelques blagues surconsommées ou qui manquent parfois de recherche, Wajiha Jendoubi a réussi à arracher des rires bien mérités tout au long de la soirée d’un public de tous les âges et de toutes les classes sociales. Un pari gagné pour cette artiste qui a su se faire une place sur la scène humoristique qui fut depuis longtemps l’apanage des hommes.
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