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Yadh Elloumi : «Le Parlement s’est emparé du gouvernement et Saïed refuse de l’accepter»

Le dirigeant et député de Qalb Tounes, Yadh Elloumi, est revenu ce matin du jeudi, 24 septembre 2020, sur les critiques adressées, la veille, par le président de la république, Kaïs Saïed, au chef du gouvernement, Hichem Mechichi, concernant les dernières nominations effectuées par ce dernier.

Pour rappel, Saïed avait dit à Mechichi, lors d’une réunion tenue au palais présidentiel de Carthage, qu’il était, pour lui, inacceptable de nommer, en tant que conseillers, des personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires pour les dépassements qu’ils ont commis lorsqu’ils occupaient des postes dans l’Etat à l’époque de l’ancien régime. Selon toute vraisemblance, il faisait allusion à Taoufik Baccar et Mongi Safra.

«Une position bizarre, pseudo-politique et populiste», fustige Yadh Elloumi, dont le parti est soupçonné d’avoir recommandé au chef du gouvernement ces nominations, étant donné la proximité entre les deux anciens hommes de Ben Ali et le président de Qalb Tounes, Nabil Karoui.

Présent à la matinale de Shems FM, Elloumi a quasiment consacré toute son intervention à pratiquer son activité médiatique préférée depuis près d’un an, à savoir traiter de tous les noms le chef de l’Etat.
Cette fois, il a affirmé que ce dernier était «un faux perdant, qui veut montrer, à tout prix, qu’il est le maître à bord».

«Il n’a pas accepté le fait que le gouvernement Mechichi est devenu politique. Le Parlement le lui a arraché», a poursuivi Elloumi, qui, dans un sens, n’a pas tout à fait tort cette fois, car Kaïs Saïed est clairement en train de titiller les limites de ses prérogatives en se mêlant, de celles du chef du gouvernement, qui plus est devant la caméra et en usant d’unton assez ferme.

En même temps, la position de Saïed peut se comprendre. Connu notamment pour sa droiture – du moins c’est l’image qu’il tient absolument à présenter de lui-même – il estimait sans doute qu’il était de son devoir de s’opposer à l’intégration de personnalités suspectes à l’Etat tunisien et d’en tenir l’opinion public au courant, ne serait-ce que pour «s’en laver les mains».

Elloumi a par ailleurs mis en doute les principes du président, rappelant que ce dernier ne s’était jamais opposé à l’ancien régime, et affirmant qu’à l’époque de Ben Ali «il cassait les grèves». Il a même, dans un élan de fantasme politique, insinué que Saïed tient une alliance avec Abir Moussi («l’alliance des courants populiste et fasciste», selon son expression), se basant pour avancer cette accusation sur le fait que la présidente du PDL s’était elle aussi opposée aux nominations de Baccar et Safra.

Cherif Ben Younès

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