Plus inquiétant encore que le président Kaïs Saïed, dont on ne parvient pas encore à sonder la pensée politique, si tant est qu’il en aurait une et qui est un mélange douteux de constitutionnalisme académique, de charia islamique et d’anarchisme honteux, car non assumé, ses adeptes qui expriment sur les réseaux sociaux des positions aussi bizarres qu’incohérentes et irréelles.
Par Imed Bahri
C’est le cas, notamment, de Kaïs Karoui, un activiste qui se réclame tapageusement de M. Saïed et qui se permet même sinon de parler en son nom, du moins d’interpréter sa pensée et d’expliciter ses positions, au cas où on les aurait mal comprises. Et d’ailleurs, on a souvent du mal à les comprendre les positions présidentielles, car elles émanent d’une pensée à la fois brumeuse et rigide, un mélange d’utopisme du 19e siècle, de zapatisme bavard et déconnecté de la réalité et de conservatisme islamique déguisé en exigence révolutionnaire.
Dans un post publié hier, lundi 28 septembre 2020, Kaïs Karoui nous offre une éloquente illustration des pensées troubles et souvent contradictoires de Kaïs Saïed, telles qu’elles sont comprises et répétées par ses adeptes.
«Les partis sont un nid d’opportunisme et de corruption. Ils rassemblent les mouches, les puces et les sangsues, qui se délectent des financements de toutes sortes, les sales davantage que les propres. En arrivant au pouvoir, ils vont forcément servir les intérêts de leurs bailleurs de fonds. C’est pour cette raison que les initiateurs du projet de la Construction nouvelle et Kaïs Saïed ne constitueront jamais un parti. Cette histoire, oubliez-là et ôtez-là de vos esprits».
Voilà pour la littérature, mais quelqu’un a-t-il compris quelque chose à cette nébuleuse pensée qui ne rime absolument à rien et qui se déploie dans le vide d’une logorrhée sans queue ni tête.
Comment M. Saïed et ses adeptes (on utilise le mot adeptes sciemment, car on n’est pas là en face d’un leader politique mais d’un gourou) vont-ils agir pour imposer leur vision de la politique et de l’organisation sociale et économique ? Ont-t-ils d’ailleurs une vision politique, économique et sociale digne de ce nom ? Quel est leur programme, outre la critique de la partitocratie et l’éloge, ô combien populiste, du «peuple qui veut, qui sait ce qu’il veut et qui réalise ce qu’il veut», selon un slogan creux de M. Saïed ?
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