C’est l’histoire d’une école construite au lendemain de la seconde guerre mondiale, au nord de Tunis, par un médecin philanthrope et qui dispensa des cours jusqu’en 1961, date à laquelle elle fut fermée pour des raisons politiques par Habib Bourguiba, le père de l’indépendance tunisienne et de la… généralisation de l’enseignement !
Par Farouk Ben Miled *
Au sortir de la deuxième guerre mondiale et en 1948, le Docteur Ahmed Ben Miled, démocrate entêté, républicain convaincu, militant de la première heure mais réfractaire à la pensée unique, oublié volontairement de l’histoire de ce pays, mais non sans avoir laissé des traces, a construit à Borj Touil, dans l’actuel gouvernorat de l’Ariana, et de ses propres deniers, dans la grande tradition humaniste, une école comprenant deux salles de classe et une maison pour l’instituteur sur un terrain de 2500 m2. Il eut, cependant, la «malencontreuse» idée de mettre une plaque en marbre portant son nom pour narguer l’occupant français.
Le célèbre médecin des pauvres, l’un des pionniers de la médecine pour tous en Tunisie, a mis cette école à la disposition de la «Direction de l’Enseignement» de l’époque pour la modique somme du franc symbolique. Et elle fonctionna jusqu’aux années 60 date à laquelle elle a été fermée, simplement parce qu’elle portait le nom de son bâtisseur. Et que ce dernier a refusé qu’on la débaptise.
Cette école est toujours là, dans son ombre cachée, fermée et cadenassée, muette et silencieuse, solide sous les cintres de ses voûtes et vaillante sous l’ombre de son palmier né avec elle, avec toujours cette plaque, mais sans ses élèves. Elle peut encore en témoigner.
C’est aussi ça Bourguiba pour mémoire. N’en déplaise, maintenant que les «flonflons» des anniversaires se sont tus, aux orphelins du père géniteur et aux adeptes du culte des morts.
* Architecte D.P.L.G.
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