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Tunisie: Pour que la Cour constitutionnelle ne tombe pas entre de mauvaises mains

Une Cour constitutionnelle phagocytée par cette malfaisante «troïka» accélérera la destruction de l’Etat tunisien, déjà à genou.

Il ne faut pas que la crise sanitaire de la Covid-19 et la crise socio-économique qui accaparent l’attention de l’opinion publique éclipsent le sujet très sensible de la Cour constitutionnelle ce qui permettra à l’alliance islamo-affairiste à l’Assemblée d’élire en catimini ses candidats serviles. Rester sans Cour constitutionnelle reste un moindre mal qu’en avoir une avec des marionnettes des partis politiques et des réseaux d’influence.

Par Chedly Mamoghli *

Je partage les inquiétudes quant à l’issue de l’élection des membres de la Cour constitutionnelle par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) : un membre déjà élu sous la précédente législature, trois devront l’être durant cette période. Certes, le retard enregistré dans l’élection des membres de ladite Cour est regrettable mais il n’en demeure pas moins que rester sans cette Cour reste un moindre mal qu’en avoir une avec des marionnettes des partis politiques et des réseaux d’influence.

Parmi les noms avancés cet été par les partis et les formations politiques représentés à l’Assemblée, il n’y avait aucun constitutionnaliste et plus largement aucun juriste publiciste. Ce ne sont pas les compétences connues et reconnues qui manquent mais la volonté des partis et des réseaux d’influence d’imposer des personnes qui leur seront affidés et qui ne compromettront jamais leurs desseins politiques et les projets de loi qu’ils conçoivent sur mesure pour servir leurs intérêts.

Relations incestueuses entre politiques et réseaux d’influence

Quand on voit les projets de loi aberrants qui pourraient être invalidés ou retoqués par la future juridiction constitutionnelle, on comprend mieux pourquoi les formations politiques et les réseaux d’influence avec lesquels ils entretiennent des relations incestueuses agissent de la sorte. Les enjeux sont énormes et pas question pour eux de ne pas mettre les leurs. Ce n’est pas la compétence qui prime pour eux mais la servilité.

Quand on entend les islamistes qui veulent faire une «biâa ou charia» (passer un marché) avec les autres formations politiques afin d’atteindre la majorité requise pour l’élection des membres, tout est clair comme l’eau de roche… Pour les formations politiques et les réseaux d’influence, toutes les institutions de l’Etat sont vassalisées et destinées à les servir. Pour eux, c’est le droit qui doit se conformer à leurs intérêts et non le contraire. Si l’alliance islamo-affairiste et les petits calculs politiciens et affairistes vont déterminer le choix de nos juges constitutionnels, il vaut mieux que cette Cour ne voit pas le jour.

L’Etat est déjà galvaudé, ne galvaudons pas la Cour constitutionnelle

Certains diront avec candeur «Mais de toutes les façons, le président de la république et le Conseil supérieur de la magistrature, chacun d’entre eux désignera 4 membres donc on s’en fout des 3 qui restent à élire par l’ARP.» Ce raisonnement est absurde, insensé et ses conséquences seront désastreuses. Dans une Cour constitutionnelle avec des décisions et une jurisprudence qui engageront le destin d’une nation, chaque juge compte et chaque voix compte. D’autant plus que le juge constitutionnel a un pouvoir et une activité normatifs et cette mission ne peut pas être confiée à n’importe qui. L’Etat est déjà assez galvaudé, ne galvaudons pas la Cour constitutionnelle dès sa naissance.

En définitive, «mhall msakir ou la karya mchouma», comme dit l’adage bien de chez nous : «Une maison fermée vaut mieux qu’un mauvais locataire».

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