Preuve s’il en est encore besoin que l’extrémisme religieux et le terrorisme islamiste s’expriment aujourd’hui librement dans l’enceinte de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le post publié par le député Rached Khiari, pour justifier la décapitation, hier soir, vendredi 16 octobre 2020, à Paris, d’un enseignant coupable aux yeux de son tueur d’avoir montré à ses élèves une caricature de Mohamed, le prophète de l’islam.
Par Imed Bahri
Le jeune enseignant, professeur d’histoire et géographie de son état, a été intercepté et décapité en pleine rue, près du lycée où il enseignait, par un jeune musulman de 18 ans, qui a aussitôt revendiqué le meurtre sur les réseaux sociaux avant d’être pourchassé et abattu par la police française.
Réagissant à ce crime atroce, le député tunisien Rached Khiari, réputé proche des deux partis islamistes représentés au parlement tunisien, Ennahdha et Al-Karama, a publié un post sur sa page Facebook où il dit ceci : «L’offense au Messager d’Allah est le plus grave des crimes et celui qui le commet doit en assumer les conséquences, qu’il s’agisse d’un Etat, d’un groupe ou d’un individu».
Plus grave que le contenu extrémiste de ce post, c’est l’insouciante irresponsabilité de son auteur, qui, dans son élan takfiriste et jihadiste, ne se rend même pas compte que ses mots tombent sous le coup de la loi tunisienne, qui criminalise l’appel au meurtre et l’apologie du terrorisme. À moins qu’il ne se considère au-dessus des lois de la république, protégé par un parti au pouvoir, Ennahdha en l’occurrence, ou par une justice aux ordres. Ou tout cela à la fois.
Quoi qu’il en soit, dans un pays de droit comme prétend l’être la Tunisie aujourd’hui, les députés ne devraient pas permettre de tels dérapages qui les déshonorent tous, de quelque bord qu’ils soient. Ils devraient exiger la levée de l’immunité parlementaire de leur collègue Rached Khiari et obliger ainsi le procureur général de la république à diligenter des procédures judiciaires à son encontre et ne pas se débiner, comme il le fait souvent face aux dérapages des hommes politiques, et justifier son laxisme et son laisser-aller par cette immunité parlementaire devenue synonyme d’impunité pour les criminels en col blanc.
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