Abdelmajid Dabbar, président de l’Association Tunisie Écologie (ATE), alerte sur «l’extermination définitive» de toute la faune sauvage désertique dans le sud tunisien : «Nous serons blâmés par les générations futures parce que nous avons raté l’occasion de conserver l’héritage que nos parents nous ont légué, avec amour», a-t-il déploré.
Par Yüsra Nemlaghi
Encore une fois, ce militant pour la préservation de la faune et de la flore, qui fait de cette cause une priorité et un combat au quotidien, a appelé les autorités à protéger le désert tunisien, où des braconniers pratiquent la chasse interdite, même pendant la période de reproduction, dans les aires protégées, dans les propriétés agricoles, et même dans les zones d’accès interdit (zones militaires), a-t-il déploré.
«On compte, sans exagération, quelques 90.000 fusils de chasse acquis dans les marchés clandestins, un nombre non exagéré d’engins de la mort, possédés par des braconniers sans autorisation, ni permis de port d’armes, ni de chasse, ni assurance, et qui détruisent des populations rescapées, qui ne sont pas des locataires sur le sol tunisien et ayant même existé avant la race humaine, même celles ayant le statut critique d’espèces en voie d’extinction inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN)», a encore regretté l’activiste.
Abdelmajid Dabbar dénonce un État démissionnaire qu’il accuse également de pénaliser le corps des gardes forestiers, notamment par la réduction de son effectif : «Sans armes, sans uniformes depuis 4 ans, sans matériel performant, et même quand les véhicules existent, ils sont vieux de plus de 20 ans, et en nombre insuffisant pour couvrir les territoires par les Brigadiers de chasse. Les braconniers, mieux équipés, ciblent des lièvres, des renards, des gazelles, même les goundis, les porcs-épics et les fennecs emblématiques de l’environnement autrefois et même les petites gerboises, sauvagement tirées par les motos, les quads et les voitures».
Le président de l’association a également fait savoir que des braconniers, ont été pourchassés dans le sud par les gardes forestiers, il y a une semaine, et sont parvenus à les arrêter lors d’une opération nocturne, à l’aide de l’armée nationale avant d’être remis au poste de la garde nationale à Remada.
Cependant, des complices sont parvenus à faire libérer les sloughis utilisés pour la chasse et ont pu fuir dans la nuit, a-t-il affirmé, estimant que cela s’apparente à du banditisme et à un crime contre la nature.
«Qui aura le courage d’assister nos animaux et les défendre ? Qui va les protéger, qui va les pleurer ? », s’est-il interrogé en poursuivant : «Vous êtes tous complices, les responsables, les décideurs, les administrations, les associations, les organismes nationaux et internationaux ! Vos mains sont souillées du sang du crime… le sang des innocentes gazelles, outardes houbaras, lièvres, goundis et même les gerboises».
Dans son énième cri de détresse, Abdelmajid Dabbar espère que les autorités se penchent sérieusement, un jour, sur ce crime contre l’environnement et puissent s’engager en faveur de la préservation du patrimoine naturel de la Tunisie.
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