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L’honnêteté et le capucin ne font pas d’un anonyme un bon président!

Kais Saied, un an déjà au Palais de Carthage! Il a été élu avec un score presque à la soviétique (72%, Ndlr). Les électeurs se sont réfugiés chez lui pour fuir son concurrent moitié escroc, moitié loubard (Nabil Karoui, Ndlr). Il avait comme seul programme sa virginité politique et un slogan alléchant qui plaisait aux pauvres et aux excités du bocal.

Par Ali Gannoun *

À son élection, le petit peuple s’est engagé dans la réfection des trottoirs et l’embellissement douteux des ruelles et des murs tout en se contentant de quelques embrassades tantôt sincères et tantôt populistes à pleurer en attendant un miracle qui changerait sa vie.

Mais le miracle n’a pas eu lieu malgré les prières et les implorations répétées du message subliminal «Achaab Yourid» (le peuple veut, Ndlr).

Kais Saied est resté cet extra-terrestre qui ne savait pas où il était et qui a perdu le mode d’emploi pour faire atterrir sa capsule parmi les 72% de personnes qui avaient voté pour lui.

Le casting de ses conseillers était cauchemardesque et n’a donné que des farfelus (aussi bien les hommes que les femmes) qui n’ont pas servi à grand-chose sauf peut-être à l’isoler des préoccupations du pays et à conforter son autisme.

Aucune politique étrangère intéressante, aucune politique intérieure utile pour nourrir le ventre et l’esprit du peuple et des discours qui rappellent étrangement les rédactions des élèves de terminale lettres avec des phrases pompeuses piquées dans les livres jaunes vendus sur les marchés hebdomadaires de Zeramdine ou ailleurs.

Aucune opposition notoire à l’islamisme rampant dans la société tunisienne et une errance totale entre le conservatisme acerbe et un modernisme timide sur le dos de «Baghlet Al-Farouq Omar» (le mulet du calife Omar) (1) qui restera la seule révélation de la profonde culture de notre président.

Un an a suffi aux Tunisiens pour découvrir que l’honnêteté et le «capucin» (2) ne font pas d’un anonyme un président à poigne et un homme d’Etat respectable et respecté.

Même les quelques coups d’éclat dont il nous a gratifiés en nous faisant croire qu’il y avait un pilote dans l’avion n’étaient qu’éphémères et sans effet.

Kais Saied, un an déjà, un an de perdu… On attend toujours un miracle qui risque de ne jamais venir, mais qui sait?

AH..!

* Professeur à l’Université de Montpellier.

Notes :
1-Citation chère à Kaïs Saïed attribuée au calife Omar Ibn Al-Khattab : «Si un mulet trébuche en Irak, Dieu m’en demandera des comptes en me disant : Pourquoi, Ô Omar, ne lui as-tu pas aplani la route ?!»
2- Un genre de café prisé par le président: un expresso avec deux gouttes de lait.

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