Au cours de l’audience ce matin, lundi 2 novembre 2020, au tribunal de première instance de Tunis, opposant Abir Moussi à l’antenne tunisienne de l’«Union» de Youssef Al-Qaradawi, l’organe de propagande des Frères Musulmans, l’avocat des islamistes a accusé la présidente du Parti destourien libre (PDL) et ses collègues avocats d’apostasie («takfir»), ce qui revient à les désigner aux balles des fanatiques.
Après la fin de la plaidoirie dans l’affaire intentée par le PDL pour faire arrêter les travaux de la session de formation des imams tunisiens pour l’année 2020/2021 organisée par l’«Union» d’Al-Qaradawi, via son antenne tunisienne, la présidente du parti, Abir Moussi, a déclaré dans une vidéo sur le perron du Palais de Justice de Tunis que l’avocat de cette «Union» a lancé dans la salle d’audience : «Ces gens (en désignant la partie plaignante, Mme Moussi et son parti, Ndlr) ont une phobie de ‘‘La Ilaha Illa Allah (Il n’y a de dieu que Dieu, la profession de foi des musulmans, Ndlr) et de la religion musulmane», a-t-elle rapporté.
Rappelons que dans la loi islamique accuser quelqu’un d’apostasie ou de mécréance c’est le condamner à mort et le désigner aux balles des fanatiques. Ce qui est d’autant plus grave que cette séquence gravissime se tient dans une salle d’audience dans un tribunal de la République tunisienne, les islamistes s’y sentant désormais en terrain conquis et ne reculant devant plus rien.
Moussi a également précisé qu’elle et ses collègues ont contesté ces propos auprès de la présidente de séance en exigeant que ce qui a été dit soit consigné dans le procès-verbal de la séance, mais la magistrate a refusé et a redonné la parole à l’avocat de l’«Union» d’Al-Qaradawi, pour qu’il achève sa plaidoirie
Moussi a souligné que, suite au refus de la magistrate en charge de l’affaire de consigner les déclarations de l’avocat de l’«Union» d’Al-Qaradawi dans un procès-verbal, une plainte a été enregistrée auprès du premier vice-président du tribunal de première instance de Tunis, précisant que la logique d’accusation de «takfir» est en contradiction avec la constitution tunisienne, les principes de l’Etat et l’éthique de la profession d’avocat.
I. B.
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