L’arrivée des vaccins de la Covid-19 en Tunisie est prévue pour la fin du premier trimestre 2021. C’est une bonne nouvelle en soi pour deux raisons. La première c’est que cela annoncera de la fin de cette épidémie chez nous avant la fin de 2021 mais surtout que cela nous donnera un peu de recul sur le déroulement et la logistique vaccinale dans les pays développés et nous permettra d’anticiper les éventuels problèmes.
Par Pr Faouzi Addad *
Le principal problème posé par la vaccination c’est la confiance (ou non) de la population envers ces vaccins. On aura besoin de beaucoup de pédagogie et de communication pour encourager les gens à se faire vacciner par des vaccins expérimentaux pour la plupart ou même plus traditionnels mais préparés dans l’urgence.
Or lorsqu’on voit le changement, hier soir, dimanche 6 décembre 2020, des dates de prolongation du couvre-feu, passant, en l’espace de quelques minutes, du 31 mars 2021 au 30 décembre 2020, en voulant nous faire croire qu’il s’agit d’une simple faute de frappe, on peut penser que pour obtenir la confiance il faudra s’armer de beaucoup de courage, notamment s’agissant des non-professionnels.
Le réveillon sauvé in extremis
Ainsi donc, le réveillon a été sauvé in extremis pour les fêtards et le coronavirus pourra profiter lui aussi,dès le lendemain, d’une bonne année 2021.
Finalement, tout est prêt pour une belle année 2021: une 3e vague provoquée pour janvier, un vaccin à expérimenter pour mars et tout cela dans un système de santé agonisant où on n’est même pas foutu de réparer 5 pauvres ascenseurs dans un hôpital. C’est dire qu’on est parti pour l’inconnu dans les prochains mois.
Il y a, cependant, une certitude dans cette affaire, c’est que les mesures barrières marchent, ainsi que la limitation des regroupements.
Personnellement, j’opterai davantage pour un vaccin classique pour notre pays, afin d’éviter de jouer aux apprentis sorciers avec les vaccins dits innovants. D’ailleurs on ne sait toujours pas pourquoi le type de vaccin que nous allons acheter en grande quantité est encore tenu secret. Cela pourrait porter un coup à la confiance au moment du lancement de la campagne.
Notre destin est entre nos mains
Qui seront les premiers « piqués » en Tunisie? Les plus fragiles, sans doute, mais aussi nous autres, membres du corps de la santé. Car nous sommes parmi les plus fragiles en Tunisie, et pour cause : depuis des années, on nous fait travailler dans les pires conditions, certains d’entre nous meurent dans le silence le plus total et d’autres sombrent dans la dépression ou cherchent à fuir à l’étranger pour sauver leur peau.
Cela dit, notre destin est entre nos mains. Restons solidaires et surtout lucides dans nos actions en proposant de vrais réformes pour notre système de santé pour ne plus être les victimes d’un système archaïque.
* Professeur de cardiologie.
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