Après plusieurs semaines de fermeture, les salles de cinéma s’illuminent de nouveau avec la 31e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2020) qui a démarré hier soir et qui se poursuivra jusqu’au 23 décembre.
Par Fawz Benali
Les JCC n’ont pas cédé à la crise sanitaire mondiale causée par le Coronavirus (Covid-19) qui a empêché la plupart des grands rendez-vous culturels d’avoir lieu cette année aussi bien en Tunisie qu’ailleurs dans le monde (à l’instar du Festival du Cannes).
Malgré le couvre-feu et toutes les restrictions imposées par le protocole sanitaire pour la lutte contre la propagation du virus, le comité d’organisation dirigé par le cinéaste Ridha Béhi a réussi à mettre en place un programme de taille à la hauteur des attentes des festivaliers, et a su s’adapter à cette situation exceptionnelle. Ainsi, durant six jours, 120 films seront projetés dans 16 salles de cinéma de la capitale, ainsi que cinq établissements pénitentiaires.
Une édition exceptionnelle qui résiste à la pandémie
Les projections ont démarré hier soir avec le programme d’ouverture «Remake coup de cœur JCC 1966 -2019» projeté simultanément dans les deux plus grandes salles de la capitale, à savoir, la salle de l’Opéra à la Cité de la culture (où a eu lieu la cérémonie d’ouverture) et la Reine des salles Le Colisée, afin de permettre à un grand nombre de spectateurs d’y assister, contrairement aux précédentes éditions où les films d’ouverture étaient réservés à un nombre restreint d’invités.
Six courts-métrages tunisiens (un documentaire et cinq fictions) s’inscrivant dans cette démarche de raviver la mémoire du public et rendre hommage aux grands maîtres du cinéma tunisien et africain, ont été produits par le Centre national du Cinéma et de l’Image (CNCI) spécialement à l’occasion des JCC.
Sonia Chamkhi, Tarak Khalladi, Faouzi Chelbi, Heifel Ben Youssef, Habib Mestiri et Alaeddin Abou Taleb se sont prêtés à cet exercice de relecture et de réécriture de six grands films parmi les plus marquants dans l’histoire des JCC.
Un nouveau regard posé sur six films cultes
L’unique documentaire de la sélection «Le temps qui passe» est signé la cinéaste et écrivaine Sonia Chamkhi qui a choisi «Soleil des hyènes» (1977) de Ridha Béhi pour revenir sur la rencontre étincelante entre l’actrice tuniso-grecque Hélène Catzaras (qui jouait dans ce film son premier rôle) et l’acteur Ahmed Snoussi. Hélène Catzaras nous raconte dans ce court-métrage intimiste et poétique avec beaucoup de sincérité sa carrière et son histoire d’amour avec Ahmed Snoussi (1946–2015).
Sur une note plus légère, Heifel Ben Youssef nous propose «Mandat», un court-métrage burlesque et plein d’humour inspiré du film éponyme de l’écrivain et cinéaste sénégalais Ousmane Sembène. Ce film culte sorti en 1968 qui avait reçu le Prix de la critique à la Mostra de Venise, dénonce les méandres de l’administration sénégalaise. Un autre court-métrage d’Ousmane Sembène est également à l’honneur dans cette sélection, il s’agit du premier long-métrage réalisé par un cinéaste d’Afrique noire et du premier Tanit d’or dans l’histoire des JCC «La noire de…» dont s’est inspiré Habib Mestiri pour réaliser «Noire 2». Ce film fondateur dans l’histoire du cinéma africain raconte le parcours d’une jeune sénégalaise qui cherche désespérément du travail avant de se faire embaucher par un couple français qui la maltraite et la déshumanise jusqu’à ce qu’elle finisse par se suicider, unique «issue» pour regagner sa liberté.
Au programme de cette série de courts-métrages figure également «Sur les traces de Saïda» de Faouzi Chelbi en référence au film «Essaïda» (1966) de Mohamed Zran, ce dernier fait d’ailleurs une brève apparition dans le film hommage en tant qu’invité d’honneur aux côtés de Hichem Rostom et de Fatma Saïdane.
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