Malheureusement, le coup de force dont le Capitole, à Washington, fut le théâtre, s’est soldé au cours des affrontements par la mort de cinq personnes dont un policier. Et il ne reste qu’une dizaine de jours à Donald Trump, celui par qui le scandale arrive, pour déguerpir de la Maison blanche et sortir par la petite porte. Ce ne sera pas une perte pour l’humanité. Bon débarras !
Par Dr Abderrahmane Cherfouh *
Les actions violentes et l’invasion du Capitole par les partisans de Trump, sur son instigation, portent à jamais les stigmates de la honte. Ce sera une tache indélébile dans l’histoire des États-Unis. Ces incidents aux violences inouïes et inédites à l’intérieur du temple de la démocratie, le lieu le plus sacré de l’Etat et sa fierté, ont provoqué une onde de choc aux quatre coins du globe, suscité une vague d’indignation dans le monde occidental et donné lieu à beaucoup de moqueries dans le reste du monde, particulièrement en Afrique qui n’a jamais oublié les propos de Trump sur les pays africains qualifiés de «pays de merde».
Les pays africains tiennent leur revanche et se donnent à cœur joie d’écorcher l’image des États-Unis qui a été ternie à jamais à leurs yeux par les agissements incroyables de Trump et de ses sympathisants.
Les dictateurs de frottent les mains
Une chose est sûre, l’histoire du Capitole et ses conséquences sera une bouffée d’oxygène pour les dictateurs de par le monde qui vont l’exploiter et en faire un instrument de propagande auprès de leur peuple. Trump sera l’exemple à suivre par tous les dirigeants qui veulent s’accrocher au pouvoir. C’est ce que tente de développer une certaine presse alignée et aux ordres partout dans le monde pour crier haro sur Trump et sur ce pays qui a ses faiblesses comme tout pays et qui a failli d’après eux sur toute la ligne, un pays vaincu par la Covid-19 et qui avait eu comme président, un dissident qui ne respecte pas les institutions de son pays et la loi de l’urne.
Ce sera très difficile pour nous tous de supporter les interprétations malveillantes et les extrapolations orientées de certains passés maîtres dans l’art de noyer le poisson dans l’eau. N’en déplaise à certains, les institutions américaines sont toujours solides et ne souffrent aucune contestation et ce même si Trump avait essayé par tous les moyens de soudoyer les juges afin de faire pencher les résultats en sa faveur en accusant les démocrates de lui avoir volé sa victoire sans apporter des preuves.
Pour le reste, ce qui s’est passé au Capitole était prévisible. On savait que Trump était un mauvais perdant. Il ne voulait pas s’avouer vaincu et n’a jamais voulu accepter la défaite. Ça sautait aux yeux qu’il ruminait sa vengeance et était en train de tramer et préparer quelque chose d’irréel qui allait ébranler le monde et porter atteinte à la démocratie des États-Unis qui pour beaucoup était l’exemple, la référence et le modèle à suivre et à juste titre d’ailleurs.
Au-delà de toutes ces péripéties et leurs conséquences et qu’on le veuille ou pas, Trump ne laisse personne indifférent et a marqué l’histoire du monde et des États-Unis, au cours de son unique mandat de quatre ans. Son histoire tumultueuse avec le monde et les médias avait commencé bien avant son élection en 2016. C’est un animal politique qui a su galvaniser presque la moitié de l’électorat de son pays et a réussi à damer le pion à madame Clinton en personne alors qu’elle était donnée largement favorite par les sondages. Sa victoire en 2016 a surpris plus d’un. Personne n’avait misé sur lui. Lui-même n’en croyait pas en sa victoire.
Depuis son élection en 2016, il ne fait qu’à sa tête
En devenant le 45e président des États-Unis, Trump a toujours voulu se donner en spectacle frisant parfois le ridicule par ses déclarations tonitruantes qui désarçonnent souvent par leur côté grotesque et burlesque, mais ce n’est pas ça qui va l’empêcher de dormir. Le culot et l’outrecuidance dont il a fait preuve en encourageant son public et ses fidèles à envahir le Capitole ne font pas de lui un héros aux yeux du monde mais lui s’en fiche. Ce qui l’intéresse c’est son public qui lui est largement acquis et qui a fait sa réputation. Son acte irréfléchi a éclipsé la Covid-19 et a braqué les yeux du monde entier sur sa propre personne. C’est ce qu’il cherchait apparemment.
Et si toute la planète rit de lui et le traite de tous les noms, on peut citer quelques uns : ignorant, stupide, clown, raciste, idiot, malade mental, grotesque, ridicule, égocentrique, dégoutant, misogyne, égocentrique et la liste est encore longue ! Il jouit de près d’une centaine d’autres qualificatifs, il n’en a cure et n’en démord pas en refusant de faire face à la réalité et ne veut pas sauvegarder son image et celle des Etats-Unis! Il s’en fiche complètement, sans trop se soucier des qu’en dira-t-on et s’en tamponne le coquillard. Depuis son élection en 2016, il ne fait qu’à sa tête et à ses partisans et au diable le reste.
Les tristes événements du capitole ont bien entendu alimenté les médias et donné du grain à moudre à tous ceux qui avaient une dent contre les États-Unis, ravis de l’aubaine et de ce spectacle offert gratuitement et digne des républiques bananières – l’expression la plus utilisée par les médias, les internautes et les réseaux sociaux – et qui n’ont pas hésité à crier haro sur Trump, jubilant et sautant sur l’occasion pour tourner en dérision le modèle américain tant vanté et admiré et la démocratie à l’américaine qui se voulait la référence et le modèle parfait sur lequel repose ce système qui a toujours incarné la grandeur des Etats-Unis, mais qui a fini par devenir la risée du monde entier selon le point de vue de l’Afrique et d’autres parties du monde. Et les internautes s’amusaient et jouaient à qui mieux mieux et rivalisaient d’ingéniosité et d’imagination pour trouver les qualificatifs les plus appropriés à la personnalité de Trump.
Un spectacle digne des républiques bananières
N’empêche, on peut le traiter de tous les noms d’oiseau, ce n’est pas ça qui va écorcher son ego. Sur le plan politique, Trump a fait cavalier seul et a ignoré totalement les recommandations de l’ONU. Tout ce qu’il voulait, il l’a obtenu. Il a commencé par braver le monde occidental et le reste de la planète en prenant la décision historique de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël faisant fi de toutes les lois internationales qu’il a toujours méprisées et ignorées les considérant comme obsolètes.
Sur un autre registre, il a réussi à mater les Arabes du Moyen-Orient et a obtenu d’eux tout ce qu’il voulait. C’est lui qui est le principal architecte et l’artisan de la reconnaissance d’Israël par les Émirats arabes unis, le Soudan et Bahreïn qu’il a jetés dans les bras d’Israël en agitant l’Iran comme épouvantail. Des accords qui vont induire un nouvel ordre politique et économique pour toute la région et pour le reste du monde. C’est encore lui qui a reconnu – sans l’aval de la communauté internationale et des lois de son pays – la marocanité du Sahara occidental en échange de la reconnaissance par le Maroc d’Israël lui faisant faire dans la vente concomitante.
Le seul à avoir réussi à tenir tête à Trump et à le tourner en ridicule fut le dictateur de la Corée du Nord, Kim Jong Un, qui n’a jamais été impressionné ni par les Américains, ni par leur président et qui vient de déclarer que les États-Unis sont les plus grands ennemis de son pays.
En fin de compte, malheureusement, ce coup de force dont le Capitole fut le théâtre s’est soldé au cours des affrontements par la mort de cinq personnes dont un policier. Ceci dit, il ne reste qu’une dizaine de jours à Trump pour déguerpir de la Maison blanche et sortir par la petite porte. Ce ne sera pas une perte pour l’humanité. Bon débarras !
* Médecin algérien basé au Canada.
Donnez votre avis