Critiqué par Mehdi Ghazzai, analyste du discours politique, pour la stratégie de communication qu’il a adoptée lors de son passage à l’émission “Wahch chécha”, sur Attesia TV, le député et chef du bloc parlementaire de Tahya Tounes, Mustapha Ben Ahmed, a été totalement déstabilisé…
Comme chaque semaine, Mehdi Ghazzai a fait son apparition, dimanche 21 février 2021, sur le plateau après près d’une heure trente de débat entre l’animateur, Samir El-Wafi et ses 4 invités, dont Mustapha Ben Ahmed.
«La communication politique de M. Ben Ahmed a été faible, voire inexistante. Honnêtement, je n’ai pas trouvé de matière à analyser [dans ses propos]. Il n’y a pas de messages politiques claires, ni de public visé, ni de lexique choisi […] On peut même se demander quel est l’objectif de son apparition médiatique aujourd’hui. Il a parlé comme un analyste ou un chroniqueur, pas un politicien de premier rang», souligne Mehdi Ghazzai.
«Son discours purement narratif peut plaire au Saf saf [un célèbre café à la banlieue de Tunis, ndlr] par exemple, mais pas dans une émission TV de prime time suivie par des millions de téléspectateurs», ajoute-t-il non sans ironie.
Le jeune analyste ne se doutait probablement pas qu’il allait éveiller une facette, jusque-là cachée, dans la personnalité du député…
En effet, ce dernier n’a, tout bonnement, pas accepté les critiques de M. Ghazzai, et n’ayant vraisemblablement rien à dire de pertinent pour se défendre, il a demandé près d’une dizaine de fois à l’animateur, devant la caméra, de censurer toute cette partie de l’émission. Oui rien que ça. Un politicien censé appartenir à un parti démocrate et moderniste souhaite ouvertement faire taire une personne pour avoir… exprimé une opinion.
En parallèle, il n’a pas arrêté de pleurnicher, pendant près de 20 minutes, et d’attaquer personnellement Mehdi Ghazzai, assurant, entre autres, que ce dernier n’avait aucune compétence lui permettant d’analyser ses propos et qu’il était «chargé d’une mission»… tout en affirmant qu’il ne le connaissait pas du tout avant cet épisode. Cherchez l’erreur !
Mustapha Ben Ahmed, 67 ans, s’est-il senti humilié par des critiques aussi sévères (et en grande partie pertinentes) d’un jeune qui a l’âge de son fils ? C’est possible. Il a, d’ailleurs dit : «Moi je suis de l’ancienne école. Je n’accepte pas ça». Mais au final, il s’est humilié lui-même à travers sa réaction totalement disproportionnée. Il a même confirmé les remarques de Ghazzai, en se comportant comme s’il était dans un café.
Quoi qu’il en soit, sa réaction a été très révélatrice de tout un état d’esprit chez nos politiciens, et en particulier ceux de cette «ancienne école» justement. Celle notamment de l’ancien dictateur, Habib Bourguiba.
Ils ont beau prétendre être démocrates et progressistes, ils demeurent incapables d’accepter l’un des droits les plus basiques et fondamentaux en démocratie : la liberté d’expression.
Lien de l’émission.
Cherif Ben Younès
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