Le programme Tunisie digitale 2016-2020 a enregistré un grand retard dans son exécution, et ce retard n’a pas manqué d’être sanctionné par un important recul du classement de notre pays, jadis donné en modèle parmi les pays du sud de la Méditerranée dans ce domaine, dans le Networked Readiness Index (NRI).
Par Taoufik Halila *
Le Networked Readiness Index (NRI) du Forum économique mondial est un indicateur qui mesure les ressources et moyens mises en place par les pays à travers le monde et ce afin d’exploiter les opportunités offertes par les technologies de l’information et des communications (TIC). Il est publié en collaboration avec l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD) et ce dans le cadre de leur rapport annuel Global Information Technology (GITR). Il est considéré comme un instrument fiable pour l’évaluation de l’impact des TIC sur la compétitivité et le bien-être de la population dans chaque pays.
Le classement de la Tunisie en NRI est en régression
Concernant la Tunisie il est regrettable de constater que notre classement mondial en NRI est en régression, ainsi il est passé de 81 en 2015 et 2016 à 84 en 2019 et à 91 en 2020 soit une dégradation confirmée et continue de 10 points en 5 ans.
Il est à rappeler que le programme Tunisie digitale 2016-2020 a mis un objectif de faire passer le classement NRI de la Tunisie de 81 en 2016 à 40 en 2020.
Par ailleurs, on notera que le budget qui a été planifié pour l’exécution du plan Tunisie digitale était de 5522 millions de dinars couvrant à peu près 72 projets dans les TIC, qui concernent l’infrastructure, les usages; le e-gov, le e-éducation, le e-santé le e-justice et d’autres activités économiques, mais malheureusement et à ce jour il n’y a pas eu une analyser sérieuse sur les causes de son échec et les moyens à mettre dans le futur pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs.
D’autre part, il est aussi important de rappeler que la Tunisie a signé le 21 décembre 2017 un crédit avec la Banque africaine de développement (BAD) d’un montant de 71.56 millions d’euros et ce pour financer plusieurs projets dans les TIC s’étalant sur une période de 4 ans de 2018 à 2022 et ce pour réaliser en particulier les projets suivants : Implémentation d’un portail public des services administratifs en ligne; Mise en place de la poste numérique; Mise en œuvre de l’e-justice (SI, portail, et applications métiers); Accès au RNIA des instances judiciaires et des collectivités locales; Mise en œuvres des applications métiers e-affaires étrangères (e-visa, e-consulat-sécurité); Mise en place d’un système d’un identifiant unique du citoyen; Refonte du système national de gestion de l’état civil (Madania); Implémentation d’une plateforme d’interopérabilité et d’échange de données; Mise en place d’infrastructures e-Gov (cloud national, intranet gouvernemental, etc.); Appui à la bonne qualité et l’exploitation des différents SI sectoriels, des services administratifs en ligne, de l’interopérabilité et du portail des services publics; Appui à la mise en exploitation rationnelle du RNIA et des infrastructures e-gov (cloud national, intranet gouvernemental, etc.).
Retard dans l’exécution de tous les projets dans les TIC
Ainsi et vu notre classement NRI indiqué en haut, il est claire que nous sommes en retard dans l’exécution de tous les projets dans les TIC financés aussi bien par les bailleurs des fonds ( BAD , Banque mondiale et autres…) que par des fonds nationaux (Fonds des télécoms et autres…), ce qui suggère d’effectuer une analyse et une discussion approfondie entre tous les acteurs intervenant dans cette transformation digitale et ce afin de bien fixer les failles rencontrées (techniques, administratives, financières, culturelles…) et proposer une nouvelle feuille de route adaptée aux besoins réels du pays tout en prenant en compte sa situation économique, financière et sociale.
* Président de la Chambre nationale des intégrateurs des réseaux télécoms.
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