Ahmed Safi Saïd continue de tirer à boulets rouges sur le mouvement Echaab. De passage dimanche soir 4 avril 2021 à l’émission de son ami Samir El-Wafi sur Attessia TV qui à chaque fois que son émission bat de l’aile et que l’audience chute l’invite pour faire monter l’audimat, le colérique député s’est interrogé sur l’opportunisme des cadres du mouvement Echaab qui n’ont commencé à soutenir Kaïs Saïed qu’une fois ce dernier installé au Palais Carthage. Il les accuse même d’être derrière la rumeur que son vrai nom est Hamma Sebti.
Par Imed Bahri
La guerre entre Ahmed Safi Saïd et ses anciens amis du mouvement nationaliste arabe Echaab se poursuit et ne connaît pas de répit. À entendre le journaliste élu à l’Assemblée sous l’étiquette d’indépendant, le qualificatif d’opportunistes arabes leur conviendrait mieux que celui de nationalistes arabes. Il leur impute aussi l’invention de la rumeur selon laquelle il s’appellerait Hamma Sebti est non Ahmed Safi Saïd. En montrant une revue dont il était rédacteur en chef dans les années 1970 qu’il a sortie de son cartable – posé sur la chaise attenante à la sienne – et où il était écrit Ahmed Safi Saïd, il voulait montrer que c’est sa véritable identité et il ajoutera: «L’histoire de Hamma Sebti c’est eux, c’est leur invention». Reste à se demander en quoi le fait de recourir à un pseudonyme – une pratique du reste assez courante – pouvait nuire à sa personne. Mystère et boule de gomme !
Les dirigeants d’Echaab sont plus opportunistes arabes que nationalistes arabes
Maintenant, revenons à l’opportunisme du mouvement Echaab. Le journaliste, aussi sombre son passé soit-il, a dans un éclair de lucidité lorsqu’il fait un constat factuel éloquent sur le mouvement Echaab qui soutient, aujourd’hui, et de manière inconditionnelle, Kaïs Saïed «Pourquoi ne l’ont-ils pas soutenu dès le premier tour de l’élection présidentielle?», s’est-il demandé, assez justement. Leur soutien actuel au président Saïed, dont l’intensité n’a d’égal que son aspect tardif, ne peut s’expliquer que par l’opportunisme du mouvement Echaab. Un soutien de «mkhaznia» qui aiment coller au pouvoir en place.
Ahmed Safi Saïd déclare: «Ils sont instables. Tous les quarts d’heure, ils changent d’avis. Ils cherchent tout le temps l’homme fort pour s’agenouiller devant lui et profiter de sa notoriété pour exister. Ils existent à travers l’homme fort comme aujourd’hui ils le font avec Kaïs Saïed. L’expression « zaqafouna » (utilisée par ce dernier, Ndlr) s’applique à eux plus qu’à toute autre personne.» Dans le même ordre d’idées, il ajoute : «Wallahi j’ai peur pour Kaïs Saïed en voyant comment ils sont en train d’instrumentaliser leur soutien pour lui, ce qu’ils vont faire de lui et comment ils vont se retourner bientôt contre lui. Vous verrez !».
«Pourquoi vous avez couru derrière moi?»
À Fathi Belhaj, candidat malheureux du mouvement Echaab dans la circonscription de Ben Arous en 2019 et ancien ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi dans l’éphémère gouvernement Fakhfakh, qui accuse Saïd d’être un voleur et un mercenaire en prétendant se baser sur les dires de Talal Salman (ancien patron d’Ahmed Safi Saïd dans le journal libanais ‘‘Assafir’’ financé par Yasser Arafat), Saïd simule une colère, élève sa voix et crie dans le studio: «Toi Talal Salman te reçoit? T’es qui toi pour être reçu par Talal Salman? Il ne te connaît même pas. Et que peut-on voler d’un journal? Le papier? Tu dis que je suis un voleur? Qu’est ce que j’ai volé? Quelle est ta source? Espèce de voleur, de collabo fils de collabo! Je le connais à Paris, c’était un indicateur de la police française. Et c’est l’ambassadeur de France qui l’a nommé ministre.»
Là, Saïd est dans son réflexe pavlovien : à chaque fois qu’il veut attaquer quelqu’un, il l’accuse d’être un larbin des Français, d’être payé par l’ambassade de France ou d’avoir été nommé par l’ambassadeur de France sans jamais fournir la moindre preuve. C’est une manière facile chez lui pour salir ceux qui l’attaquent que le public cédule croit sans exiger la moindre preuve. De plus, taper sur la France c’est une manière de jouer aux héros nationalistes qui fonctionne chez le même public crédule. Mais ce qui est saisissant c’est le culot monstre d’Ahmed Safi Saïd. Il dit à Fathi Belhaj «chou masdrak?» (quelle est ta source?), mais lui, quand il balance l’intox selon laquelle Kaïs Saïed a demandé aux responsables qataris d’éconduire la délégation ministérielle tunisienne qui était à Doha la semaine dernière, il ne donne ni preuve ni source,
Ahmed Safi Saïd continue de bombarder le mouvement Echaab: «Il y a des partis comme le mouvement Echaab qui se retournent toujours et dans toutes les circonstances contre leurs leaders. Qu’ont-ils fait avec Abderrahmane Tlili? Avec Béchir Essid? Et avec Belhassen Tlijani (dont il a sorti de son cartable le livre où il raconte ses mésaventures avec ses anciens camarades du mouvement)? Et ils se sont retournés contre Mohamed Brahmi qui a fini par quitter le parti et ils l’ont abandonné», a-t-il dit, avant d’ajouter avec dégout à l’intention du mouvement Echaab: «Pourquoi êtes-venus vous vers moi? Pourquoi vous avez couru derrière moi?»
Le linge sale des nationalistes arabes se lave désormais en public, et c’est tant mieux pour les électeurs, qui sauront la prochaine fois pour qui ils voteront.
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