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Hichem Mechichi sur un toit brûlant

Le sort de Mechichi dépend plus que jamais du bon vouloir de Ghannouchi.

Le président de la république Kais Saied et le chef du gouvernement Hichem Mechichi ont échangé leurs vœux de l’Aïd El-Fitr lors d’un appel téléphonique, hier, jeudi 13 mai 2021, indique l’agence Tap. Faut-il voir dans cette reprise des contacts entre les deux hommes le début d’un réchauffement de leurs relations, pratiquement gelées depuis plusieurs mois ? Il ne faut pas aller vite en besogne…

Par Imed Bahri

Selon une brève déclaration du Premier ministère, Saied et Mechichi ont souligné «la nécessité d’unir les efforts pour surmonter les difficultés rencontrées par la Tunisie en raison de la pandémie Covid-19, afin que la vie revienne à la normale, pour le bien et dans l’intérêt de le peuple tunisien», rapporte la Tap, dans la pure tradition de la langue de bois officielle, qui en dit long surtout sur les… non-dits. Et au chapitre des non-dits, on ne peut passer sous silence le peu de cas fait par le Palais de Carthage de cet entretien téléphonique, dont les services de la présidence de la république n’ont pas cru devoir rendre compte. Et ce n’est sans doute pas là un simple oubli.

Chef de gouvernement, otage ou bélier de combat ?

Les relations entre les deux têtes de l’exécutif sont rompues depuis plusieurs mois, le président de la république reprochant à celui qu’il avait lui-même choisi pour présider le gouvernement de s’être retourné contre lui pour s’allier à ses adversaires politiques, à savoir le parti islamiste Ennahdha, et ses alliés Qalb Tounes et Al-Karama, dont il n’a pas tardé de devenir le serviteur zélé, au point d’effectuer, à leur demande, un remaniement gouvernemental en vertu duquel il a écarté les six ministres considérés comme proches du Palais de Carthage, remaniement du reste rejeté par le chef de l’Etat, qui a refusé de présider la cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres du gouvernement qui ont pourtant eu le vote de confiance de l’Assemblée.

Pour ne rien arranger, M. Mechichi ne s’est pas contenté de s’allier aux adversaires de M. Saïed, il est devenu leur fer de lance dans la guéguerre que ces derniers mènent contre le président de la république, au point de se mettre à répliquer vertement, dans des déclarations publiques, à celui qui l’a sorti de l’anonymat de l’administration publique pour le propulser, en quelques mois, ministre de l’Intérieur puis Premier ministre. Le lui a-t-on demandé ou le fait-il par zèle ? Quoi qu’il en soit, en se faisant le «bélier de combat» des islamistes et de leurs alliés, M. Méchichi s’est beaucoup fragilisé et passe aux yeux de beaucoup de ses compatriotes pour un homme servile, versatile, changeant, et auquel on ne peut faire confiance.

Mechichi, le prochain fusible des islamistes

Tout cela pour dire que l’entretien téléphonique d’hier entre MM Mechichi et Saïed ne signifie nullement la fin de la friture sur la ligne entre Carthage et la Kasbah ni la normalisation des relations entre les trois principaux piliers de l’Etat, la présidence de la république, la primature et l’Assemblée, même si les partenaires et les bailleurs de fonds internationaux de la Tunisie semblent conditionner leurs aides sollicitées par la fin de la crise politique où se morfond le pays depuis les élections de 2019.

Tout cela pour dire aussi que le louvoiement observé ces derniers jours au sein de la majorité gouvernementale et, notamment, du parti Ennahdha, soucieux de revoir ses engagements passés et de renouer les relations avec ses adversaires d’hier, pourrait coûter son poste à M. Mechichi, qui fait figure de fusible ou de bouc émissaire pouvant être sacrifié à tout moment sur l’autel de la realpolitik dans sa version islamiste, qui est faite de faux semblants, de leurres et de revirements permanents.

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