Aymen Mabrouk, diplômé de l’Institut supérieur d’art dramatique (Isad), un acteur chevronné qui a essentiellement joué à l’international, a particulièrement marqué les Tunisiens, cette année, en jouant le rôle du personnage le plus détesté du feuilleton ramadanesque Harga, de Lassaad Oueslati, diffusé sur la chaîne nationale Watania 1, et qui s’est distingué notamment par cet engagement social traitant le sujet de l’immigration clandestine, les rêves et les déboires de jeunes Tunisiens qui risquent leur vie, à la recherche de l’Eldorado…
Tijani, le médiateur du centre de rétention, où sont accueillis les étrangers entrés illégalement en Italie, un homme insupportable, mafieux, imbu de sa personne, sans cœur, sans foi ni loi… tel est le rôle interprété avec brio, par l’acteur tunisien Aymen Mabrouk, qui après avoir obtenu son diplôme de l’Isad s’est rendu en Italie pour poursuivre ses études et où il réside désormais et enseigne le théâtre.
Passionné de danse contemporaine et de théâtre depuis son jeune âge, Aymen Mabrouk, a choisi son chemin après avoir intégré le club de théâtre scolaire dans les années lycée. Après avoir décroché son bac, il a naturellement étudié à l’Isad, avant de décider de perfectionner sa formation en arts dramatiques, en se rendant, en Italie, pays d’art et d’Histoire.
Son visage quelque peu «Bad boy», typé et marqué par des traits durs lui servira à saisir une opportunité et jouer au théâtre en Italie , avec 42 représentations et la chance du débutant, associée à son engagement, a fini par prendre : il a été remarqué par un agent artistique, lui ouvrant ainsi d’autres portes dans son domaine.
Armé d’une formation solide en art dramatique, sa passion, son engagement et une volonté inébranlable, mais aussi de «sa tête d’arabe» et son accent, alors recherchés par les directeurs de casting à l’étranger, a ainsi décroché plusieurs rôles de maghrébin puis peu à peu de mexicain sud-américain, iranien, sicilien et indien, entre autres.
Ainsi depuis une quinzaine d’années, Aymen Mabrouk, natif de Tozeur au sud tunisien, a joué dans de nombreuses pièces de théâtre, des téléfilms italiens, et films étrangers, notamment en Italie, en Suisse, à Beyrouth, à l’instar du film canadien « La cité » de Kim Nguyen , où il a joué aux côtés de Jean-Marc Barr acteur et réalisateur franco-américain, ou encore les Québécois Pierre Lebeau, Claude Legault et Sabrine Karsenti.
Ces expériences ont forgé Aymen Mabrouk, aussi bien sur le plan professionnel mais également sur le plan personnel, estime-t-il, tout en réaffirmant sa reconnaissance aux professeurs de l’Isad, qui lui ont transmis leur passion et leur savoir faire, lui qui n’a jamais voulu s’éloigner ni oublier sa terre natale et sa ville, où il organise chaque année, le Festival international du film de Tozeur (Toiff).
En 2016, Aymen Mabrouk a également fait parler de lui en interprétant le rôle d’un Émir de l’organisation terroriste de État islamique (Daech), dans le feuilleton « Gharabib Soud » de Adel Adib et Houssine Chawkat, renforçant ainsi son expérience à l’international, sans pour autant s’absenter de la scène nationale apparaissant dans plusieurs séries notamment Layem, Dawama, Chouerreb, ou encore Chebabek El Janna.
Le Tunisien, désormais installé en Italie, où il enseigne le théâtre et qui croit dur comme fer que le feeling est le premier moteur qui lui permettra d’accepter un rôle ou de le refuser, a été séduit par le feuilleton Harga de Lassed Oueslati, où on lui a proposé d’interpréter le rôle de Tijani, l’homme sans cœur et sans émotions, personnage central dans ce feuilleton si vibrant…
Il réussira à se faire détester par les Tunisiens ayant suivi la série, qui a traité un sujet important parsemé de témoignages poignants et mettant en exergue la réalité de jeunes ( et moins jeunes) désabusés qui cherchent à fuir la Tunisie pour faire leur avenir ailleurs, au risque de perdre la vie en pleine mer ou encore d’être confrontés à des mésaventures, des injustices et autres problématiques auxquelles ils ne s’y attendaient pas dans l’«Eldorado», tant adulé et qu’ils veulent conquérir.
L’acteur se réjouit d’avoir été détesté, tout en affirmant cependant que dans la vie, il est l’opposé de ce fameux Tijani, ou des rôles du méchant que son physique lui impose, pour le moment, estimant ainsi avoir transmis, aux téléspectateurs les émotions nécessaires et avoir aussi été fidèle au scénario et au message que porte le feuilleton.
Ce physique particulier lui permettrait de sortir de ces rôles, pense-t-il, en affirmant que sa formation et ses compétences lui permettent d’interpréter aussi bien le «méchant de service», que le médecin, le politique, le romantique, l’avocat… une formation théâtrale permet de vêtir tous les rôles imaginables, indique-t-il, en visant des apparitions locales, car Aymen Mabrouk veut également être reconnu dans son pays, la Tunisie, qui persévère aussi bien sur le petit écran que sur le grand écran.
Yûsra Nemlaghi
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