La polémique déclenchée par la présidence de la république autour des demandes de levée de l’immunité parlementaire de députés ne semble pas près de s’éteindre et le jeu de ping-pong se poursuit, les parties concernées continuant à se rejeter la balle dans un total mépris de la vérité. Dans cette affaire, c’est le peuple qui est pris pour une andouille…
Par Imed Bahri
L’assesseur du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), chargé de la communication et de l’information, Maher Madhioub, a réaffirmé hier, jeudi 26 mai 2021, ses déclarations précédentes selon lesquelles le parlement n’a reçu aucune demande de levée d’immunité d’un député.
Depuis le début de l’actuelle législature, en novembre 2019, aucune correspondance officielle du ministère de la Justice demandant au parlement de lever l’immunité d’un député n’est parvenue au parlement, a déclaré Madhioub lors d’une conférence de presse hier matin au Bardo. Ce qu’il s’est employé à répéter dans plusieurs médias, notamment hier soir dans l’émission « Rendez-vous 9 » sur la chaîne Attessia, en jouant à chaque fois sur les mots, avec une mauvaise foi que trahit son ton mielleusement consensuel, devenu la marque de fabrique des islamistes du parti Ennahdha, toujours sur la défensive.
Malgré son ton dénégateur, Madhioub a toutefois admis l’existence d’une seule demande parvenue de la justice qui ne concerne pas la levée de l’immunité mais plutôt l’interrogatoire d’un député. Cette demande ne relève pas de la compétence de l’Assemblée qui ne s’est pas prononcée sur le sujet, a-t-il dit.
Ces affirmations contredisent le président de la république Kaïs Saïed, qui avait révélé la veille, dans sa rencontre avec le chef du gouvernement Hichem Mechichi, au Palais de Carthage, en présence du ministre de la Défense, Brahim Bartagi, que l’Assemblée avait reçu «au moins 25 demandes de levée d’immunité parlementaires de députés auxquelles elle n’a pas répondu», en appelant l’instance législative à appliquer la loi sans aucune distinction.
Les déclarations de M. Madhioub contredisent aussi les affirmations de Mohsen Daly, porte-parole du Pole judiciaire financier qui avait indiqué que la justice avait adressé le 7 janvier dernier une demande officielle au Parlement pour demander la levée de l’immunité du député Ghazi Karoui (Qalb Tounes) et que le ministère de la Justice a reçu l’accusé de réception de cette demande, en précisant que c’est le ministère de la Justice qui se charge d’envoyer les correspondances officielles au parlement.
Les déclarations de M. Madhioub contredisent, par ailleurs, celles de plusieurs députés de l’opposition, notamment Nabil Hajji et Samia Abbou, ayant confirmé l’existence de demandes de levée d’immunité parlementaire que le président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi, garde dans ses tiroirs et refuse de les remettre, comme l’exigent la procédure, à la commission chargée de l’immunité parlementaire, les utilisant au passage comme un moyen de pression sur les députés concernés et de marchandage avec leurs formations politiques.
Tout cela n’honore pas la classe politique dans son ensemble qui se joue ainsi des institutions de la république et les instrumentalise dans ses querelles politiques.
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