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Mechichi supplie le groupe ENI de ne pas quitter la Tunisie

Le chef de gouvernement Hichem Mechichi tente désespérément de convaincre le groupe pétrolier et gazier italien Ente Nazionale Idrocarburi (ENI), l’un des principaux investisseurs internationaux dans le secteur énergétique tunisien, à ne pas quitter notre pays. Cependant, les supplications des hauts responsables politiques tunisiens ne valent rien lorsque les opérateurs étrangers font face à de gros problèmes, accumulent les pertes et ne retrouvent plus leurs comptes.

Par Imed Bahri

Le Premier ministre a rencontré, mardi 1er juin 2021, à la Kasbah, une délégation de haut niveau de la compagnie ENI pour, précise le communiqué officiel diffusé par la Kasbah, «discuter des conditions de travail du groupe en Tunisie dans divers domaines, notamment les énergies renouvelables et les hydrocarbures», ajoutant que M. Mechichi a «souligné la nécessité de faciliter le travail de cette entreprise ainsi que de celles qui envisagent d’investir en Tunisie.»

Qu’en termes charmants ces choses-là sont dites !

Selon le même communiqué, le chef du gouvernement a, avec une touchante crédulité, «invité le groupe ENI à étendre ses activités en Tunisie» (sic !), en rappelant qu’il a été la première entreprise étrangère à investir dans le pays dans les hydrocarbures et a assurer jusqu’à 25% de la production nationale d’hydrocarbures.

Qu’en termes charmants ces choses-là sont dites !, quant on sait l’état d’esprit actuel des responsables du groupe italien, qui ont déjà la tête ailleurs et pensent davantage à se défaire de leurs avoirs en Tunisie qu’à investir davantage dans un pays où le climat économique et social se détériore jour après jour.

Les vœux pieux de M. Mechichi sonnent faux quant on sait que l’entreprise italienne avait annoncé officiellement, fin 2020, aux autorités tunisiennes, son intention d’arrêter ses activités d’exploitation de combustibles fossiles en Tunisie et d’investir dans les énergies propres, comme l’a déclaré, en avril 2021, le directeur général des hydrocarbures au ministère de l’Industrie et de l’Énergie, Rachid Ben Dali. «L’entreprise a décidé de quitter la Tunisie dans le cadre de sa démarche d’investissement dans des domaines plus rentables à travers le monde, comme l’Égypte et le Mozambique», a-t-il souligné, ajoutant que les accords signés entre la Tunisie et ENI garantissent à cette dernière le droit de vendre ses actions à une autre partie se trouvant au même niveau financier et technique. Or, on ne le sait que trop, ENI avait, depuis 2018, et face aux difficultés auxquelles le groupe fait face dans ses sites de production à Tataouine, en raison des grèves, des sit-ins et des pressions des autorités pour le contraindre à recruter sans cesse des bras cassés, engagé le groupe mondial de conseil financier Lazard pour gérer la vente de ses actifs en Tunisie. Nous en avions fait part dans ce même journal.

Pour notre malheur, ENI n’est pas le seul groupe étranger dans le secteur de l’énergie à réfléchir sérieusement à quitter la Tunisie : Royal Dutch Shell et OMV, pour ne citer que ces deux là, sont dans le même état d’esprit.

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