Sarah Yerkes, la chercheuse américaine au Carnegie Endowment for International Peace, dont nous avons publié plusieurs articles dans Kapitalis, a publié, dans Foreign Policy, revue américaine de renommée en diplomatie et en relations internationales, une tribune intitulée «La communauté internationale doit utiliser ses leviers en Tunisie», dans lequel elle appelle littéralement à faire du chantage à la Tunisie avec les vaccins anti-Covid pour faire pression sur Kaïs Saïed afin qu’il recule.
Sont-ce là les propos d’une chercheuse, censée être objective et dépassionnée, ou ceux d’une militante au service d’une cause politique, sinon une vulgaire propagandiste dont le tropisme islamiste saute aux yeux?
Les propos de Mme Yeskes ne sont plus seulement de l’ingérence dans les affaires internes d’un pays, surtout qu’elle a fait des efforts louables pour ne pas voir le soutien populaire massif à l’activation de l’article 80 de la Constitution pour sauver un pays à la dérive, que les islamistes qu’elle défend (par naïveté ou par esprit partisan, ce qui est plus grave) ont, en dix ans de pouvoir, mené au bord de l’apocalypse sanitaire, de la banqueroute économique et financière et de l’explosion sociale.
Le discours de Mme Yeskes est carrément colonialiste, arrogant et inacceptable. La pseudo-chercheuse se comporte en porte-voix d’une puissance civilisatrice qui va apprendre la démocratie aux pygmées. Une démocratie viciée, de pure apparat, minée par la corruption et le clientélisme. Une chercheuse qui ne voit pas cela doit changer de métier : elle devrait se mettre au service d’une boîte de communication politique comme il en existe aux Etats-Unis, telle que la fameuse Burson-Marsteller, avec laquelle Ennahdha a un contrat depuis 2014, alors que la loi tunisienne interdit les financements étrangers des campagnes électorales en Tunisie.
Rappelons que le patron de Mme Yerkes est l’ancien ministre des Affaires étrangères jordanien Marwan Al-Muasher, vice-président de la Carnegie Institution for Science, pour la région Mena et Yerkes s’occupe de la Tunisie et de l’Afrique du nord.
Marwan Al-Muasher était aussi le premier ambassadeur de Jordanie en Israël, en 1995. Ce qui explique sans doute les honneurs dont il a droit à Washington.
I. B.
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